De moins en moins de panneaux publicitaires au bord des routes du Lot

 L’affichage de publicités sur les bords de route semble être une pratique de moins en moins utilisée par les commerces dans le Lot, département pourtant rural. Parmi les causes : une législation qui apparaît plus stricte. Explications.

Afin d’attirer l’attention des automobilistes sur la proximité de commerces, la stratégie d’apposer des panneaux publicitaires au bord des routes apparaît de moins en moins utilisée. La loi « Grenelle II » du 12 juillet 2010 régit notamment la question dans son chapitre publicités, enseignes et pré-enseignes, en modifiant également le Code de l’environnement sur des enjeux de nuisances visuelles.

« Tout ce qui est publicité en bord de route est interdit hors agglomération, sauf des pré-enseignes dites dérogatoires », précise Jean-Marie Guichard, responsable du service Environnement et cadre de vie à la direction départementale des territoires (DDT). Depuis juillet 2015, les dérogations concernent les produits du terroir, les activités culturelles et les monuments historiques.

Sur les communes, des murs de propriétés sans porte ni fenêtre peuvent donc servir de support pour la publicité d’enseignes commerciales. À la connaissance de Jean-Marie Guichard, les dernières demandes d’affichage publicitaire validées par la préfecture remontent à 2012. « C’était pour un vendeur de meubles à Espère », ajoute-t-il.

Sur la commune de Saint-Pierre Lafeuille, un habitant a récemment décidé de louer une partie du mur de sa propriété que les automobilistes observent en direction de Cahors. Le panneau est toujours vierge de publicité. « Cela fait trois mois que j’attends une avance », dit le propriétaire, ne souhaitant pas rentrer dans le détail.

L’afficheur Publi 82 a joué l’intermédiaire entre les commerces et cette personne, comme sur d’autres enseignes dans le Lot. Jean-Paul Viala, le gérant, explique que son client commerçant « a finalement choisi un autre emplacement » pour sa publicité. D’ordinaire, il décrit une pratique où « un bail est signé sur plusieurs années, avec une rétrocession versée au propriétaire » qui loue son mur.

La complexité en cas de retrait

Si le commerce ou le propriétaire disparaît ou décède, le retrait des panneaux peut se compliquer. « Il faudrait des crédits supplémentaires ou demander au maire de les faire enlever », plaide Jean-Marie Guichard.

Au 835, côte des Ormeaux à Cahors, la terrasse de Bernadette, 74 ans, donne sur un panneau publicitaire pour une enseigne de décoration qui a fait faillite. D’après elle, l’ancien propriétaire de la maison actuellement inoccupée est décédé il y a cinq ans. Sur sa requête de retirer le panneau gênant à ses yeux, il aurait répondu que la démarche devait se faire « à ses frais ».

Trois règlements locaux de publicité (RLP) en vigueur dans le Lot

Selon la préfecture, trois règlements locaux de publicité (RLP) sont en vigueur dans le Lot. Le premier regroupe les communes de Cahors, Le Montat et Labastide-Marnhac, le second concerne Figeac et le troisième sur Capdenac-le-haut. « Nous avons eu seulement 6, 7 demandes en 2018 », annonce la mairie de Cahors, qui confie en faire retirer davantage afin de faire respecter la dimension maximale de 12 m2 autorisée. Au 14 juillet 2020, son RLP devait englober les 36 communes du Grand Cahors. « Il nous a paru difficile de définir un cadre juridique à cette échelle », ajoute la mairie de Cahors. Les services de l’État prendront donc le relais pour la régulation des publicités.

Mathieu Delaunay