Exposition Vestiaire de Jacques Trouvé

Vestiaire

ces derniers temps, lassé du visage de mes semblables humains

j’ai dessiné leurs fringues, nos fringues, nos frusques, nos hardes

j’ai peint des costumes, des uniformes, des habits, des tenues, des petites tenues,

des toilettes, de la vêture et des guenilles

c’était comme peindre des nus, des déjeuners sur l’herbe

les animaux humains qui ont abandonné leurs oripeaux pour un bain,

un soin, un béguin, une fin, ne sont jamais loin

entre bestiaire et vestiaire il n’y a qu’une lettre de différence

j’ai peint les vestes des bêtes humaines

qui doivent s’habiller et peuvent se mettre nus, à poils

te salis pas ! criaient les mères

j’ai peint les fleurs sur les robes d’été et les rayures inaltérables sur la veste du déporté,

j’ai peint les traces, les accrocs, les déchirures, les empreintes,

les brûlures des fers à repasser, les souillures, les blessures.

j’ai peint les taches de peinture, le cambouis,

la pourpre des coquillages,

le sang

Jacques Trouvé