Famille d’accueil: Thierry Carles raconte son expérience

Un fonctionnaire de police de Cahors confie ses souffrances, avec son épouse famille d’accueil, face à l’incompréhension des services sociaux auxquels ils ont eu affaire.

« Au départ, ces écrits n’étaient pas destinés à la publication, j’estimais qu’ils présentaient un côté trop intime ; en fait, c’est l’histoire d’une souffrance que révèle cet ouvrage ! » commence Thierry Carles. Cet homme est bien celui que les habitants de Cahors et des environs croisent en tant que fonctionnaire de police, qui engage la conversation. Oui, c’est bien lui, père de famille, marié, trois enfants avec une drôle d’histoire, jusqu’ici restée cachée…

Comme s’il était un de nos enfants..

Avec son épouse Sylvie, famille d’accueil, ils se voient confier des enfants par les services sociaux du Département, pour assurer leur éducation, un temps donné.

En 1997, c’est un petit bout de chou de 4 mois, qu’ils prennent en charge et qui va grandir au milieu d’eux. « Il était avec nous pour ses premiers pas, ses premières paroles ! D’emblée nous nous sommes occupés de lui, comme s’il était notre 4e enfant ! » souligne M. Carles. Or, très vite il est apparu que cet enfant souffrait de troubles du comportement. Il était difficile pour lui de s’alimenter, ses nuits étaient agitées… « En rentrant du service, je le berçais parfois pour lui faire prendre sommeil ! » précise-t-il. Comme le ferait un père pour son fils ! À partir de l’âge de 8 ans, des hospitalisations plus ou moins longues deviennent nécessaires, dans le cadre du traitement de ces troubles du comportement. Bien sûr, sa famille d’accueil le conduit à tous les rendez-vous prescrits et se conforme aux prescriptions du personnel médical. Cependant, face aux troubles du comportement grandissants de l’enfant et le peu d’écoute des services sociaux Sylvie et Thierry, poussés à bout, ont dû mettre fin à l’accueil, avec l’assurance de garder un lien réel avec l’enfant.

Des services sociaux manquant de moyens

Sauf qu’en avril 2016, le médecin psychiatre décide d’une rupture totale du lien entre l’enfant et sa famille d’accueil. « Nous avons ressenti cette décision unilatérale avec incompréhension et douleur » indique-t-il. L’enfant avait dix ans à ce moment-là. Thierry Carles et son épouse vivent très mal la brutalité de cette situation ; ils cherchent à comprendre, demandent à voir l’enfant… Pas d’explications, pas d’informations. Les services sociaux sont surchargés et les dossiers passent de mains en mains… C’est un peu comme si l’enfant avait été kidnappé. « Chaque fois que nous avons demandé comment évoluait l’état de santé de l’enfant, chaque fois que nous avons sollicité une entrevue, ne serait-ce qu’un quart d’heure… nous nous sommes heurtés à des murs. Nous étions désemparés ! » souligne Thierry Carles.

C’est comme ça que faute de revoir « le petit », Thierry Carles s’est mis à lui écrire. Lorsqu’il s’adresse à l’enfant dans son texte, il opte pour le mot « Toi », porté également en titre du livre, avec le souci de préserver l’anonymat de l’enfant. « En lui écrivant avec l’idée qu’il ait un jour entre les mains toutes ces lettres, j’avais la sensation de rester proche de lui ; je lui prouvais que mon épouse et moi ne l’avions pas oublié » poursuit-il. « En décembre 2017, nous l’avons enfin revu ! » C’est là que s’arrête l’ouvrage, fourmillant de poèmes avec même des dessins composés par l’auteur, à l’intention de « Toi ».

Mettre l’enfant au centre

Au-delà de l’expression de la souffrance d’une famille d’accueil, se pose la question de la place de ces mêmes familles d’accueil dans le dispositif de construction de l’enfant dont ils ont la charge. « Nous sommes les personnes qui avons la plus grande proximité avec l’enfant qui nous est confié et paradoxalement nous sommes les moins consultés ! » observe Thierry Carles. « Alors que notre contribution pourrait favoriser l’évolution de l’enfant, car c’est bien cela qui nous motive : tout mettre en œuvre pour qu’il s’en sorte, qu’il réussisse sa vie ! » termine-t-il. Les familles d’accueil en seraient-elles réduites au final à ne jouer qu’un rôle d’hôtel-restaurant ? Quelle place pour les familles d’accueil dans la construction des enfants qui leur sont confiés ? Comment fonctionnent les services sociaux avec les familles d’accueil ? Autant de questions en vue d’assurer l’intérêt de l’enfant.

 

Pour l’enfant

Le livre « Toi, Avril 2016, l’exil » de Thierry Carles est disponible sur le site Amazon au prix de 7,38 €. On peut également l’obtenir en s’adressant au tabac presse la Civette, rue Nationale à Cahors, au tabac presse de Pradines, à la maison de la presse bd Gambetta à Cahors, au centre culturel Leclerc, auprès de l’auteur.

L’intégralité du bénéfice de la vente de l’ouvrage « Toi, Avril 2016, l’exil » sera reversée à l’enfant à sa majorité.

Dédicace : Thierry Carles dédicacera son ouvrage au Centre culturel Leclerc de Cahors, le samedi 13 octobre, entre 14 h et 19 h.

Interview de Thierry Carles

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