Incivilités : Réunis à Prayssac les maires s’inquiètent

Le congrès des maires et élus du Lot s’est tenu hier à Prayssac. A 5 mois des Municipales, des élus s’interrogent encore pour savoir s’ils repartiront pour un mandat de plus. Les incivilités du quotidien en découragent beaucoup.

La maire de Prayssac, Fabienne Sigaud, en accueillant le congrès départemental des maires et élus du Lot organisé par l’AMF46 hier, a visé juste. Dans son discours d’ouverture, elle décrira une précarité croissante, des problèmes de sécurité, les vols, les dégradations, les actes de délinquance : «Je vais proposer qu’on étudie la possibilité de mettre en place sur Prayssac, de la vidéo surveillance». D’entrée on était en plein dans l’un des sujets principaux choisis par Jean-Marc Vayssouze le président de l’AMF46, ces incivilités qui inquiètent la population et face auxquelles, le maire se retrouve en première ligne. Les chiffres nationaux parlent : «361agressions d’élus en 2019 et le drame du décès du maire de Signes. Rien ne justifie qu’un maire meure, qu’on agresse un pompier, un médecin, un gendarme ou un policier» lancera le président des élus lotois.

 

Alors forcément ce climat «cet affaiblissement mortifère du consentement à l’autorité, cette intolérance, cette remise en cause de la règle dont les élus sont les premières victimes» comme le soulignera le préfet Jérôme Filippini joue sur le moral des élus, même si le Lot reste l’un des plus sûrs départements de France. A cinq mois des élections municipales beaucoup encore s’interrogent : «Je sais, a dit Jean-Marc Vayssouze, que nombreux sont ces maires qui hésitent à se représenter à cause de ces incivilités». La table ronde animée par Jean Dumonteil, à laquelle participait, notamment, Frédéric Almendros procureur de la République a permis de fournir des réponses. «Les incivilités déstabilisent, c’est une réalité, mais il y a des possibilités de passer des conventions avec le parquet pour permettre au maire de convoquer l’auteur des faits afin de procéder à un rappel à l’ordre solennel». «N’hésitez pas à vous tourner vers nous» a insisté le préfet. Localement des maires prennent des initiatives comme Jean-Marie Oustry le maire de Villesque : «Nous n’avons pas les moyens d’avoir une police municipale ni de service technique d’où l’idée de former une réserve civique : 58 bénévoles répartis sur vingt secteurs de la commune».

«J’ai proposé qu’on donne au taggeur, eau, savon et brosse»

Dans la salle, la riposte aux incivilités alimente réflexions et interrogations des élus. «On peut porter plainte, mais la suite judiciaire on ne la connaît pas» déplore le premier magistrat de Nadaillac-de-Rouge». «Devant la multiplication des tags dans ma commune, témoigne Michel Sylvestre, le maire de Gramat, j’ai proposé qu’on donne aux auteurs, du savon, de l’eau et une brosse pour les effacer. On m’a dit que ce n’était pas possible». Le procureur Frédéric Almendros répond : «Le travail d’intérêt général ne peut être appliqué à un prévenu que si ce dernier l’accepte». Étonnement et réaction bruyante de la salle : «C’est la loi», rappelle le représentant du parquet précisant qu’une autre peine est infligée à la place. Le préfet confirmera à un élu de Figeac que «oui, les financements perdurent pour la vidéo protection». Puis devant les remarques sur la réorganisation des communautés de brigades sur le Lot, Jérôme Filippini aura cette réponse : «350 gendarmes sur le Lot et 70 policiers c’est très tendu. Mais Il ne faut pas que nous ayons un gendarme, un policier derrière chaque citoyen. Il y a la prévention et la répression».

 

Avant de rejoindre Floressas où était servi un apéritif dînatoire, les 400 congressistes ont récupéré juste à la sortie, un petit fascicule réalisé par la préfecture et intitulé «Les pouvoirs de police du maire, des clés pour agir». Les maires sont détenteurs des fonctions d’officier de police judiciaire et disposent des pouvoirs de police administrative. Manifestation, alerte météo, admission en soins psychiatriques etc. Les maires, ces «fantassins de la République» sont vraiment en première ligne.

 

Sapeurs-pompiers : encourager le volontariat

Comment valoriser et encourager l’engagement de sapeurs-pompiers volontaires ? C‘était le thème retenu pour la deuxième table ronde du jour qui réunissait Serge Rigal, président du Département et président du Casdis, le colonel Yves Marcoux, directeur départemental du SDIS et Jean-Paul Lacouture directeur des services du cabinet à la préfecture du Lot. Sur le département, on compte 1 000 sapeurs-pompiers dont 950 volontaires. «Le problème dit le colonel Marcoux, c’est que chaque année, 100 SPV nous quittent, parce qu’ils déménagent ou parce qu’ils ont d’autres affectations professionnelles ou simplement pour des raisons personnelles. Et il nous faut en trouver une centaine pour les remplacer à chaque fois». L’officier du SDIS donne l’exemple d’un jour de la semaine dernière : nous avions 182 sapeurs-pompiers disponibles sur les 1 000 mais cela ne représentait en moyenne que 6 personnels par centre et ce jour-là, il y avait 1 seul pompier aux Quatre-Routes, 0 à Montcuq, 0 à Limogne». Puis s’adressant à la salle : «Vous êtes aussi, des employeurs, à compétence égale choisissez un sapeur-pompier volontaire !».

Serge Rigal en tant que président du Casdis rapportera que fin août, il avait été décidé de faire revenir plus tôt que prévu dans le Lot, la colonne de renforts envoyée pour lutter contre les feux dans le Gard : «Nous étions en pleine sécheresse et en cas d’alerte nous aurions eu besoin de tous les effectifs».

 

En tant que collectivité, le Département compte dans son personnel des pompiers volontaires : «Nous en avons une trentaine parmi notre personnel et c’est un très gros avantage de compter dans nos rangs des personnes qualifiées, formées qui puissent intervenir en cas d’accident». Suggestion de Jarques Borzo maire de Cajarc où 3 employés municipaux sont SPV : «Une Dotation Globale de Fonctionnement aux communes qui jouent le jeu».

 
Jean-Michel Fabre La Dépêche