Les premiers trains de Railcoop circuleront dès l’automne.

La société coopérative Railcoop, basée à Cambes à côté de Figeac, a franchi le cap du 1,5 million d’euros de capital social à la fin du mois de février. Elle pourra ainsi faire circuler ses premiers trains dès l’automne 2021.

« Une lueur d’espoir », c’est ce que les 3 000 sociétaires supplémentaires ont vu dans Railcoop, d’après Dominique Guerrée, son président. La société coopérative française d’intérêt collectif (SCIC), basée dans le Lot, porte un objectif écologique et citoyen : faire revivre des lignes ferroviaires pour concurrencer l’usage de la voiture et de l’avion. Depuis le début de l’année, le nombre de sociétaires a doublé, passant de 3 000 à 6 206 au 28 février, notamment après la diffusion en janvier d’un reportage dans l’émission Envoyé spécial.

« Pour les citoyens sociétaires, ce projet permet de concrétiser une envie d’entreprendre autrement, d’avoir la parole et d’être entendu », constate Dominique Guerrée.

Il ajoute qu’il s’agit « de quelque chose de positif dans le monde difficile que nous connaissons aujourd’hui avec la crise sanitaire » : « Les gens ont compris le sens d’une coopération portée par la transition écologique et dont le but n’est pas celui du profit. »

Selon lui, c’est une manière de mener à bien un projet avec des valeurs humaines et démocratiques, dans un contexte apolitique, que bon nombre de sociétaires apprécient.

1,5 million d’euros de capital social

Grâce à ces nouveaux sociétaires, Railcoop a franchi le cap du 1,5 million d’euros de capital social, « moment décisif » dans l’aventure commencée il y a deux ans. « Cela va nous permettre d’avoir la licence ferroviaire et ainsi de faire rouler nos trains », explique le président.

Il reste deux étapes à franchir avant la mise en route des deux premières lignes. L’obtention d’un certificat de sécurité ferroviaire auprès de l’Etablissement public de sûreté ferroviaire. Et ensuite l’achat ou la location du matériel roulant.

Railcoop rencontrait vendredi Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne Rhône Alpes, pour officialiser le rachat de trains d’occasion pour la ligne de transports voyageurs Bordeaux – Lyon qui devrait être ouverte en juin 2022.

Avant cela, c’est une ligne de fret entre Toulouse Saint Jory, Capdenac et Viviez-Decazeville, qui sera inaugurée à l’automne 2021. « Nous allons expérimenter un nouveau système de navette de fret, avec la mise à disposition d’une navette qui partira tous les jours que le train soit rempli ou non », explique Dominique Guerrée.

Pour ce faire, Railcoop a choisi dans un premier temps de louer des wagons de fret, étant donné que le prix d’achat moyen d’une rame se situe entre 13 et 15 millions d’euros.

690 000 voyageurs par an entre Bordeaux et Lyon

Restera ensuite à assurer la rentabilité des lignes pour que le projet perdure. L’objectif fixé pour la ligne Bordeaux-Lyon est de 690 000 voyageurs par an.

 

Les futures lignes voyageurs imaginées par Railcoop
Les futures lignes voyageurs imaginées par Railcoop Railcoop

« Avant que la ligne ne soit abandonnée par la SNCF en 2014, on pouvait compter près d’un million de passagers au début des années 2000. C’est aussi pour cette raison que nous avons choisi ce tracé-là. Mais il nous reste encore à mener des études supplémentaires pour évaluer l’influence du Covid et des correspondances dont les voyageurs pourraient bénéficier avec les autres lignes. »

Le président insiste sur la volonté de Railcoop de rester indépendant de toute subvention et de se reposer uniquement sur les recettes de la billetterie et les services supplémentaires. « Les sociétaires réfléchissent par exemple à des partenariats avec des restaurateurs locaux pour proposer des paniers repas à bord », précise-t-il.

Après Bordeaux et Lyon, Railcoop voudrait aussi relier Toulouse à Rennes, ainsi que Lyon à Thionville, pour proposer de nouveaux trajets aux passagers. Mais pour ce faire, la société doit s’entendre avec les autres acteurs présents sur ces territoires pour définir les sillons, c’est-à-dire le trajet par lequel le train passe. 

« Nous faisons des propositions pour des heures de départ et d’arrivée, mais il arrive souvent que cela prenne plus de temps que prévu, par exemple pour la ligne Bordeaux-Lyon, le trajet prendra plus de sept heures », déclare Dominique Guerrée.

Concernant les autres acteurs, le président indique que Railcoop est « surveillé par la SNCF en tant que nouvel opérateur qui vient sur son territoire », même si l’objectif de la société n’est pas de lui faire concurrence mais bien d’avoir une approche partenariale en s’amenant des flux mutuellement.

Railcoop est en contact avec d’autres acteurs et notamment des fournisseurs, pour pouvoir s’approvisionner en matériel. Et à ce sujet, le fait d’atteindre le 1,5 million d’euros « donne une crédibilité supplémentaire auprès de potentiels fournisseurs”, conclut Dominique Guerrée.

Les étapes de la création de Railcoop :

  • Février 2019 : naissance de l’idée
  • Avril 2019 : création de l’association de préfiguration Railcoop
  • Novembre 2019 : création de Railcoop en tant que première coopérative (SCIC) dédiée au ferroviaire 
  • Juin 2020 : notification des premiers services à l’Autorité de régulation des transports
  • Décembre 2020 : ouverture totale à la concurrence du transport ferroviaire en France
  • Mi-2021 : obtention de la licence ferroviaire et du certificat de sécurité
  • Dernier trimestre 2021 : lancement de la première offre de fret
  • Mi-2022 : lancement de la première ligne de voyageurs

 

La ligne Toulouse-Rennes

la ligne Toulouse-Rennes qui doit voir le jour en 2023 pourra-t-elle désenclaver cette partie du Lot ?

C’est un des objectifs du cercle de réflexion de Railcoop coanimé par Stéphane Coppey. Cet ancien responsable du développement des TER dans la région de Toulouse travaille avec les autres sociétaires sur le tracé des prochaines lignes.

« La question d’arrêts intermédiaires sur la future ligne Toulouse-Rennes pourra se poser lorsque nous avancerons plus encore dans la description du service. Cela se décidera selon le type de matériel retenu et les besoins locaux », nous répond-il. Stéphane Coppey ajoute qu’il est « évident qu’en tant que coopérative citoyenne, Railcoop sera à l’écoute des territoires ».

Caroline Pain La Dépêche
 
Des informations détaillées et un point de vue Transport Rail