Les villages à fuir cet été

Un article de Philippe Viguié-Desplaces dans l’édition digitale du Figaro nous propose quelques destinations moins fréquentées en période estivales.

Pris d’assaut par une vague humaine, comme un tsunami touristique, certains de nos plus beaux villages de France en sont devenus infréquentables entre le 14 juillet et le 20 août. Ces destinations sont à proscrire, mais des villages à quelques kilomètres seulement sont une alternative parfaites à la haute saison.

Vous aimez les files d’attente ? Vous faire refouler à l’entrée d’un restaurant ? Tourner en voiture pendant des heures à la recherche d’une place de parking qui vous coûtera l’équivalent du plat que vous convoitiez ? Alors, ne visitez surtout pas ces magnifiques villages d’Aveyron, du Lot et de Dordogne entre le 14 juillet et le 20 août. Pour mieux les découvrir, hors-saison, bien sûr. Profitons-en plutôt pour découvrir ces villages bien moins connus dans les mêmes régions.

  • Meyssac plutôt que Collonge-la-Rouge

Il faut aller se promener dans Collonges-la-Rouge, entre février et avril, pour mesurer l’état de profonde léthargie dans lequel ce beau village corrézien, envahi l’été, hiberne. Surtout qu’à Collonges-la-Rouge, une seule grande rue fend le village, droite comme une épée, encombrée de glaces au parfum exotique et d’une kyrielle de boutiques de cuir, qui n’a pourtant jamais été une spécialité corrézienne. 700.000 touristes s’abattent sur ce bourg de trois ruelles habitées par une poignée des 500 habitants de toute la commune. Impossible d’échapper au goulot d’étranglement.

Une idée pour changer : il faut se rendre à Meyssac (2 km) les rues de ce chef-lieu de canton sont tout aussi typiques, les restaurants meilleurs, les habitants plus accueillants et les maisons tout aussi rouges. Et on est (presque) tout seul.

  • Alvignac plutôt que Rocamadour
    Personne ne donne jamais le même chiffre de fréquentation pour éviter de faire fuir. Mais le nombre de visiteurs du site marial de Rocamadour, dans le Lot, oscille entre 1 million minimum à 1,3 million maximum. Avec là encore un pic l’été. Bien qu’il soit impossible de se garer près du site, les parkings sont loin et accessibles uniquement à pied, -celui du château oblige à emprunter un chemin de croix, raide à flanc de colline, rien n’y fait. Même à bout de souffle on court à Rocamadour par tous les temps, du 14 juillet au 15 août.

Certains restaurants ont opté pour le self-service, histoire d’éviter aux serveurs de subir la mauvaise humeur des touristes, que la configuration particulière des lieux fatigue vite et peut rendre nerveux. «On est tout le temps en train de monter et rarement de descendre», explique un autochtone. Tandis qu’un autre nous confie «Prier la Vierge noire pour éloigner les visiteurs.». Un comble!

Une idée pour changer : Se rendre à Alvignac (7 km) un petit village très vivant qui fut une ancienne petite ville thermale. La source est toujours visible dans un bâti art Déco où l’été le festival de Saint-Céré donne parfois un concert. On y trouve une église, un château (Salgues) qui ne se visite pas, quelques restaurants au service souriant et surtout très peu de monde. Le village bien que très proche de Rocamadour passe sous les radars de la fréquentation. Pourvu que ça dure…

  • Souillac plutôt que Sarlat

Si, avec son million de visiteurs, Rocamadour paraît démesurément fréquenté, on atteint des sommets avec Sarlat-la-Canéda, en Dordogne. Cette jolie petite cité reçoit tout au long de l’année, mais surtout l’été, plus de deux millions de visiteurs. Une horreur absolue. Les mercredis et samedis jour de marché, il faut parfois deux heures pour entrer en ville. Quand à se garer c’est mission impossible.

La ville jouit d’une réputation internationale, la première à avoir bénéficié de la loi Malraux en 1962, pour protéger son centre historique, un chef-d’œuvre de carte postale. Les Anglais et les Hollandais adorent la destination. Les Français aussi. Mais pas l’été, à fuir absolument.

Une idée pour changer : le problème de Sarlat est que le monde déborde de partout, il faut donc faire un peu de chemin pour semer cette horde sauvage de touristes. Aller à Souillac, par exemple, à 27 km de là. Son abbaye est une des plus anciennes et des plus belles de la région. On évite le bain de foule en se plongeant dans les eaux claires de la rivière Dordogne , qui traversent la ville.

  • Marcilhac-sur-Célé plutôt que Saint-Cire-Lapopie

Ah, Saint-Cirq Lapopie… Perché sur une falaise, en aplomb du Lot, ce bourg mis à la mode par le poète surréaliste André Breton, qui y possédait une maison, est déjà en soi une épuisante destination quand il n’y a personne. En effet, le village perché, éblouissant de beauté, offre des ruelles pentues qu’il faut grimper (le parking gratuit est à 20 minutes à pieds). Pas de quoi décourager, l’été venu, la majorité des 400.000 visiteurs qui le prennent d’assaut et le transforment en enfer touristique. Un seul allié pour éviter le trop-plein: le cagnard ! Quand le soleil tape, on est au sud du Lot, tout grille. Y compris les touristes qui découragés ne viennent pas visiter Saint-Cirq-Lapopie.

Une idée pour changer: le village méconnu de Marcilhac-sur-Célé ,à 24 km, est une de ses petites pépites dont on se refile l’adresse sous le manteau. Le bourg, rassemblé autour de ses édifices religieux, est baigné des eaux du Célé, un affluent du Lot. Aux pieds des falaises de calcaire ce site patrimonial est propice à la rêverie et au calme loin des grandes foules.

  • Muret-le-Château plutôt que Conques

Sur les 600.000 visiteurs qui fréquentent Conques, dont une grande partie l’été, nombre d’entre eux sont des marcheurs, puisque le village est une des étapes les plus importantes du chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle. En charge de la spiritualité de l’abbaye, dont Soulages a fait les vitraux, l’ordre des Prémontrés a toujours réussi à conserver à la petite cité son caractère authentique. Noyé dans la verdure, l’ensemble patrimonial n’en reste pas moins pris d’assaut aux beaux jours. Ruelles étroites et petit parvis devant l’entrée de l’église abbatiale, n’aident pas, il est vrai, à répartir le flux de visiteurs.

Une idée pour changer : les petits villages ne manquent pas autour de Conques, cette partie du territoire de l’Aveyron reste sauvage et souvent inexplorée. On a aimé à 2 km, Muret-le-Château, si tranquille, si calme, dont les hauts murs des maisons sont recouverts d’une toiture d’ardoise qui semble défier le temps… Si Calme.

D’après Quercy.net et le Figaro.fr