Nouvelles techniques agricoles de production pour faire face au changement climatique

Mardi 24 juillet 2023, à Girac, Olivier et Philippe Puyjalon avaient ouvert leurs portes à d’autres agriculteurs, à un élu de la Chambre d’Agriculture du Lot, Lionel Fouché, ainsi qu’à des jeunes qui étudient les techniques nouvelles pour faire face au changement climatique. Olivier et Philippe Puyjalon, éleveurs au GAEC de Ringuette, à Girac, en bord de Dordogne, ont  choisi : ils s’adaptent dès maintenant au changement climatique en adoptant de nouvelles techniques de semis pour le maïs qui nourrit leurs 55 vaches laitières. Car selon les prévisionnistes, en 2050, il manquera aux cultures 20 jours de pluie par an par rapport à aujourd’hui.

L’objectif du GAEC de Ringuette est d’abord économique. En ne désherbant pas leur sol, Olivier et Philippe Puyalon, qui se sont convertis à ces nouvelles techniques depuis 5 à 6 ans sur 4 hectares, utilisent moins de fuel. Leur objectif est aussi environnemental : ils utilisent aussi moins d’eau et moins de désherbant en laissant les couverts, la végétation, tout autour. Ils appauvrissent aussi moins leur sol en cultivant, par exemple de la luzerne, des féveroles ou seigle pour retrouver la biodiversité, avant d’y planter du maïs. 

Un semoir   » étudié pour  »  

Leurs techniques : le semis direct ou le strip strill. C’est l’entreprise ETA du cantalou Pierre Boissière qui est venu pratiquer la technique du semis direct avec son  » super semoir  » à huit rangs. Un semoir qui permet de planter les graines sans aucun travail du sol auparavant, pas même de labour. Le long d’un petit sillon creusé par 8 dents, huit casiers distribuent les graines et chacun des huit sillons est ensuite recouvert.  Entre les rangs, le reste de la parcelle reste telle quelle. L’autre technique, le strip strill,  consiste à ne travailler que le rang de maïs, mais pas plus. Ces techniques peuvent être utilisées pour tout ce qui se plante en ligne.

L’exemple montré mardi dernier par le GAEC de Ringuette est une parcelle de maïs plantée sur un terrain où la luzerne a été cultivée pendant 5 ans pour redonner vie au sol et notamment aux vers de terre, qui disparaissent avec le labour car le terrain compacté ne leur permet plus de trouver de nourriture en surface. Il faut environ 37 tonnes de vers de terre à l’hectare pour avoir un sol convenable. Enfin, le fait de ne pas désherber et de laisser du couvert conserve aussi l’humidité.

Résister à la sècheresse

Cette agriculture de conservation permet d’économiser environ 60 litres de gas-oil et 50 € d’eau par hectare (sans compter la main-d’œuvre) selon les estimations de Fabien Bouchet-Lamat, conseiller à la Chambre d’Agriculture du Lot et Olivier Puyjalon, le co-gérant du GAEC. Une économie non négligeable quand on sait combien le maïs est une céréale gourmande en eau. Les frères Puyjalon l’ont notamment constaté l’an dernier, l’avantage, c’est que le maïs va chercher l’eau et les nutriments en profondeur et résiste donc mieux à la sècheresse que le maïs planté après labour. Question rendement, la différence ne se voit pas vraiment, le seul inconvénient, c’est que le maïs démarre moins vite et doit être davantage surveillé au début.

Le GAEC de Ringuette fait partie des projets labellisés Innov’Action, un programme porté par les Chambres d’Agriculture d’Occitanie depuis bientôt 10 ans qui soutiennent une agriculture triplement performante, sur les plans économique, social et environnemental et engagée dans la transition agro-écologique. Les journées portes -ouvertes comme celle du GAEC de Ringuette, permettent de favoriser les échanges et le transfert de pratiques et de compétences entre agriculteurs. Depuis le lancement du programme, 220 agriculteurs ont ouvert leurs portes à plus de 8500 visiteurs issus du monde agricole (agriculteurs, conseillers, enseignants, étudiants, chercheurs…).

Article de Lise JOLLY paru le 04/07/2023 dans ActuLot