Sortir des eaux du Lot l’autel de la cathédrale

Dans le cadre du jubilé de la cathédrale, une équipe a prévu de rechercher et de renflouer le maître-autel de l’édifice qui aurait coulé en 1580 entre Cahors et Cénevières.

Petit retour historique : cette année là, aussitôt après la prise de Cahors, les soldats d’Henri de Navarre (futur Henri IV) mirent la ville au pillage, sans épargner la cathédrale. Les sarcophages ne furent pas enlevés, mais ils furent ouverts et les reliques profanées. L’un des chefs des Huguenots, le vicomte de Gourdon, fit enlever les beaux marbres de l’autel du Saint-Suaire et du maître-autel. ils furent mis sur des bateaux et dirigés vers le château de Cénevières. L’embarcation qui transportait le maître-autel coula pendant le voyage et la table sacrée ne put jamais être récupérée. L’autel du Saint-Suaire arriva à destination et fut placé dans le jardin du château avant d’être coupé en deux 50 ans plus tard. Une partie fut conservée et l’autre fut convertie en auge avant, semble-t-il, d’être réhabilitée en bénitier dans l’église de Cénevières. Pour ses 900 ans, la cathédrale Saint-Etienne de Cahors va s’offrir une chasse au trésor… à l’autel plutôt. A suivre…

Medialot


Bref historique du protestantisme dans le Lot

La Réforme pénètre le Quercy vers 1530. La noblesse est la première acquise à ses idées, par le truchement des prédicants et universitaires de Toulouse et Montauban et par la fréquentation de la cour de Nérac, auprès de la reine de Navarre Jeanne d’Albret, fervente réformée. En 1561 a lieu un premier massacre de protestants à Cahors. Les guerres de religion commencent. Elles vont durer 36 ans. Saint-Céré est prise par les protestants en 1574, puis Figeac en 1576. Cahors est prise en 1580 par Henri de Navarre et restituée la même année par la Paix de Fleix. En 1588 les troupes catholiques du maréchal de Biron prennent Cazals et abattent ses fortifications. L’Edit de Nantes de 1598 met fin aux guerres de religion et accorde au protestantisme les places de sûreté quercynoises de Cajarc, Cardaillac et Figeac, sous l’autorité du Gouverneur le comte d’Orval, fils de Sully. Sous le règne de Louis XIII l’offensive catholique redevient conquérante. Malgré le soulèvement des protestants, le Haut-Quercy se soumet. Dès 1622 Figeac est reprise par les catholiques (démolition de la citadelle huguenote du Puy) et les fortifications de Cajarc sont rasées. En 1629, avec l’Edit d’Alais, les protestants perdent toutes leur places de sûreté. La répression et l’étouffement systématiques du protestantisme vont alors s’exercer dans la vie cultuelle, professionnelle et privée. Le charisme d’Alain de Solminihac, l’évêque de Cahors, et le zèle de Laborie, le curé de Figeac vont faire merveille. En 1685, avec la Révocation de l’Edit de Nantes, le protestantisme n’existe officiellement plus. Les derniers temples encore debout sont rasés (Cajarc en 1684). Le catholicisme devient obligatoire. Le protestantisme s’éteint doucement et au mieux se marginalise clandestinement au XVIIe siècle pendant la période dite du Désert.

Après deux siècles de silence, vers la fin du XIXe siècle une tentative d’évangélisation protestante se répand timidement dans le Gourdonnais où quelques temples vont être dressés (Concorès, La Mothe-Fénelon, St-Cirq-Madelon). Mais par manque d’assise et à cause de l’exode rural, ces petites communautés protestantes s’éteindront progressivement après la première guerre mondiale.

Quercynet

Concorès : l’ancien temple protestant
Rue des Soubirous : c’est ici qu’a eu lieu le massacre des protestants à Cahors.
Château de Cénevières : le temple protestant construit en 1633,
par les héritiers d’Antoine de Gourdon
Saint-Cirq-Madelon : le Temple protestant