Théâtre: le 14 Octobre à l’Oustal Lavercantière Rampoux

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Dans la nuit du 4 août 1952 une famille anglaise est assassinée sur le bord d’une route des Alpes de Haute Provence où elle bivouaquait. Gaston Dominici propriétaire de la Grand’Terre à quelques mètres du crime va être accusé par deux de ses fils d’en être l’auteur.
Enfant de père inconnu, orphelin de mère célibataire , époux choisi par nécessité d’honneur et assassin par défaut (de mots ?), Gaston Dominici sera condamné à mort sans que sa culpabilité ait été prouvée. Jean Giono, qui  assiste au procès dira :« Nous sommes dans un procès de mots… nous sommes dans un total malentendu de syntaxe…Tout accusé disposant d’un vocabulaire de deux mille mots serait sorti à peu près indemne de ce procès… »

Personnage exceptionnel par son assurance et son intelligence, Gaston Dominici parvient néanmoins à affronter dignement le tribunal, amusant même l’auditoire par l’impertinence de certaines réparties. Mais ce vieux paysan façonné par des codes étrangers au monde judiciaire, s’exprimant parfois dans sa  langue naturelle, le provençal, ou dans un français qui n’en est que la traduction scolaire, pouvait-il gagner ce procès qui inspirera à Roland Barthes ces mots : « Nous sommes tous Dominici en puissance, non meurtriers, mais accusés privés de langage, ou pire, affublés, humiliés, condamnés sous celui de nos accusateurs » ? Pouvait-il échapper au poids des préjugés qui en découlent et qui vont en faire un bouc émissaire alors que l’on s’interroge encore aujourd’hui sur l’identité du vrai coupable ? L’instrumentalisation de la parole, le poids de l’incompréhension due aux décalages culturels et à ceux du langage  n’orienteront-ils pas l’enquête et les débats  sur ce coupable idéal pour forger l’intime conviction qui conduira au verdict ?