Un don exceptionnel de 19 œuvres pour le musée Henri Martin

Photo: « La terrasse à Marquayrol, temps pluvieux » d’Henri Martin

L’une des plus grandes collections privées d’Henri Martin vient d’être donnée au musée du même nom ce mardi matin. Un événement rare, exceptionnel et émouvant pour les donateurs comme pour la Ville. 19 œuvres, des tableaux, des estampes et des dessins vont enrichir la collection du musée.

Tout a commencé il y a 40 ans, Odile Girault, une enfant du pays de Labastide-du-Vert, devenue professeure d’économie et de gestion à Paris, se promène dans une salle d’exposition à Drouot. « J’ai remarqué par hasard dans un coin, l’étude de l’Homme moustachu, elle était mal exposée. L’expert m’a dit ‘c’est un Henri Martin’. Cela m’a rappelé mon enfance, je l’avais croisé, mon grand-père avait posé comme modèle pour lui en tant que faucheur. Le lendemain, je l’ai acheté aux enchères. » raconte émue Odile Girault. S’ensuit une quête de plusieurs années pour repérer dans les ventes aux enchères « les Henri Martin » et acquérir ces œuvres dont la majorité représente le village de Labastide-du-Vert ou ses habitants. Un hommage d’Odile et de Georges Girault, son défunt époux, au Lot, à leur histoire familiale, à leurs souvenirs. Ils ont choisi de donner cette collection au musée de Cahors pour un retour aux sources.

Un engagement citoyen

Il y a deux ans, Odile et son fils Pierre Girault profitent d’une visite de la directrice du musée Henri Martin chez eux, venue découvrir leur collection, pour exprimer leur volonté d’en faire don au musée. « C’était pour nous une évidence, un engagement citoyen. On a la chance de pouvoir offrir un accès à l’art, de partager à plus grande échelle cette collection. Pour nous la logique territoriale était primordiale. C’est là qu’elle sera le mieux. » explique Pierre Girault. La rénovation du musée Henri-Martin qui rouvrira le 6 mai prochain a aussi pesé dans la balance. « Bien sûr, ça a conforté notre démarche. Les œuvres vont être exposées dans un musée modernisé et rénové qui va attirer au-delà du Lot, c’est un plus. »

La terrasse à Marquayrol, temps pluvieux et Le pont à la Labastide-du-Vert, huiles sur toile, d'Henri Martin
La terrasse à Marquayrol, temps pluvieux et Le pont à la Labastide-du-Vert, huiles sur toile, d’Henri Martin DDM – Sarah Nabli

Un bond de 20 ans d’acquisitions

Bien plus qu’un don, c’est donc une partie du patrimoine lotois qui a été offert ce mardi matin au Musée de Cahors. 19 pièces exceptionnelles, des huiles sur toiles, deux lithographies, trois dessins, un fusain et une photogravure qui viennent enrichir la collection du musée de Cahors. Ce dernier possède déjà une quarantaine d’œuvres de l’artiste, peintre impressionniste, admirateur des paysages lotois. Une donation estimée à environ un million d’euros mais inestimable par sa valeur artistique. « On a fait un bond de 15 à 20 ans d’acquisitions en une seule ! Surtout on comble plusieurs lacunes dans notre collection, des périodes, des œuvres même que nous n’avions pas comme les dessins ou les estampes qui étaient absentes. » s’émeut Rachel Amalric, directrice du musée Henri-Martin et des arts visuels.

Le pont à Labastide-du-Vert d'Henri Martin, huile sur toile

Le pont à Labastide-du-Vert d’Henri Martin, huile sur toile DDM – Sarah Nabli

Jean-Marc Vayssouze, le maire de Cahors, a salué la « rencontre entre ces personnes aux grands cœurs et cette cité qui se voit honorer d’un tel don. Notre ville vous exprime sa reconnaissance et vous remercie. Vous confortez notre patrimoine et notre histoire. » a-t-il dit aux donateurs. Odile Girault, très émue, souhaitait une cérémonie simple mais elle s’est dit tout de même impressionnée par l’importance donnée à l’événement.

Henri Martin est surtout connu pour ses décors majestueux, ses ornements de bâtiments officiels de 1903 à 1935 : la Sorbonne, le Conseil d’Etat à Paris, le Capitole à Toulouse ou encore la Préfecture du Lot. En 1900, l’achat de la propriété de Marquayrol à Labastide-du-Vert change la vie de l’artiste qui y passe 5 mois par an. Il s’imprègne alors de la vie quotidienne de ses concitoyens et de son environnement, source inépuisable d’inspiration.

Sarah Nabli  ladepeche.fr