Un éleveur de porc de Cazals épinglé par les défenseurs des animaux

Des truies mortes étendues au sol, des dizaines de cadavres de porcelets dans des bennes à ordures… L’élevage de porcs de Cazals vient d’être épinglé par l’association Direct action everywhere Paris (DxE France). La vidéo, que La Dépêche du Midi s’est procurée en exclusivité, devrait être diffusée sur les réseaux sociaux ce vendredi matin.

Entrés illégalement sur le site, armés d’une caméra et d’un appareil photo, William Burkardt et son acolyte, tous deux membres de l’organisation de défense de la cause animale DxE France, montrent l’envers du décor de cet élevage « naisseur », réputé dans la France entière et détenteur de l’appellation « Jambon de Bayonne ». Une fois adultes, ces porcs sont ensuite cédés à des éleveurs, avant de terminer dans des rayons de grandes surfaces.

« Ces animaux sont cloîtrés dans des cages, on a aperçu des porcelets morts. La plupart étaient jetés dans des cuves à l’extérieur, mais d’autres gisaient au sol à l’intérieur, à côté des truies. L’odeur était insoutenable », témoigne le caméraman.

« 8 à 10 % de perte »

Les images de cette vidéo peuvent effectivement paraître choquantes pour les non-initiés, mais Patrick Marti, le gérant de la société, ne fait a priori rien d’illégal. « Les animaux morts, ça fait malheureusement partie du quotidien des éleveurs. Chez nous, il y a plus de 1 700 naissances par semaine. Nous comptons entre 8 et 10 % de perte pour des blessures ou des problèmes à la naissance. Nous stockons ces corps à l’extérieur en attendant l’équarrisseur, qui passe deux fois par semaine », se défend cet agriculteur.

Des propos confirmés par la Direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations (DDCSPP). « Nous contrôlons cette structure. La dernière fois, c’était en mai 2016, et nous avons prévu d’y revenir dans les prochains mois. Je n’ai jamais constaté le moindre souci avec la porcherie Cazals, au contraire. Elle montre l’exemple », souligne un porte-parole de la DDCSPP.

« Je respecte mes animaux et je n’ai rien à craindre »

Comme la semaine passée en Ariège, où ils s’étaient introduits dans un élevage de poulets, William et sa camarade n’ont pas souhaité se substituer aux organes de contrôles, mais seulement « montrer qu’en respectant les normes imposées, les animaux peuvent souffrir et mourir massivement ».

Des accusations réfutées par Patrick Marti, pour qui la condition animale est une préoccupation. « J’aime les bêtes, je ne souhaite pas qu’elles souffrent. Nous en prenons soin. Par rapport à certains de mes confrères européens dont les pratiques me dégoûtent, je suis droit dans mes bottes. Je n’ai rien à craindre et ne suis pas inquiet », annonce-t-il. Tout en précisant qu’il va déposer plainte pour violation de domicile. « Ils ont voulu faire un coup médiatique, comme souvent. Je ne connais pas cet élevage, mais s’il y avait eu un problème, nous le saurions. Ces vidéos sont faites pour choquer et ne reflètent généralement pas la réalité », analyse Pierre-Henry Mons, le directeur de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA).

Pour rappel, l’élevage Cazals compte 2 700 truies et 4 000 à 5 000 porcelets en permanence. C’est l’un des plus gros de France.