Un manque de respect pour les employés de supermarchés?

En plein confinement obligatoire, un boucher de supermarché s’agace du comportement des gens en magasin, à des lieux, selon lui, de celui à adopter en période de crise sanitaire.

C’est un véritable coup de gueule que souhaite pousser ce héros de l’ombre. C’est le qualificatif d’usage pour ces femmes et ces hommes qui, en dehors des hôpitaux et cabinets médicaux, sont aussi en première ligne pour maintenir un semblant de vie dans ce pays à l’arrêt. Patrick (le prénom a été modifié à la demande de l’intéressé) travaille au rayon boucherie d’un supermarché situé dans la région de Cahors. Malgré l’épidémie de coronavirus et le confinement obligatoire qui en découle, il est fidèle au poste derrière son étal. Pour lui, pas question de télétravail. Son boulot il doit le faire sur place, tous les jours. À l’heure de la fermeture des commerces, les enseignes alimentaires font figure d’exception. Le pays est placé sous cloche mais les Français doivent pouvoir continuer à se nourrir. Ainsi, ils sont des milliers comme Patrick, partout en France et dans le Lot, à être sur le pont pour faire vivre les supermarchés, les supérettes et les épiceries du territoire. Il est donc, comme tous ses collègues de la grande distribution, en contact avec les clients tout au long de la journée.

Comme si de rien n’était, ou presque…

Depuis son étal, le boucher voit donc passer tout un tas de gens qui profitent d’une rare sortie de chez eux pour faire le plein de vivres. « Je suis profondément agacé d’en voir beaucoup sortir faire les courses en famille, avec leurs enfants », explique-t-il, un poil agacé. « Je crois que l’urgence de la situation n’est pas encore bien rentrée dans la tête de pas mal de monde », ajoute-t-il, racontant voir certains de ses clients se croiser dans les rayons et discuter sans prendre de précautions.

« On a l’impression, avec pas mal de mes collègues, que le supermarché est devenu un vrai lieu de vie où les gens se retrouvent hors de chez eux pour tailler le bout de gras comme si de rien était », s’énerve Patrick, qui, par sa prise de parole, souhaite surtout faire passer un message clair : « Faire ses courses, ce n’est pas devenu une sortie récréative. Si on autorise les gens à venir en supermarché c’est avant tout pour se ravitailler, pour s’approvisionner, il faut le faire rapidement puis retourner se confiner chez soi ! ». Patrick affirme même que plusieurs habitués de son magasin reviennent tous les jours voir même plusieurs fois par jour pour acheter quelques denrées. « C’est affligeant, un vrai manque de respect pour nous, les employés de supermarchés, qui sommes fidèles au poste malgré les risques encourus ! »

Les conseils de l’enseigne

Dans le supermarché où travaille Patrick, des mesures ont d’ores et déjà été prises à l’attention de la clientèle. A l’entrée du magasin, des affiches disposées un peu partout rappellent ces consignes simples en période de confinement : horaires réservés aux personnes âgées le matin, accès à une personne par famille sans enfant de moins de 14 ans, respect des distances de sécurité ou encore commandes en ligne par le drive. Au-delà de son coup de gueule, le boucher de supermarché espère vraiment que les mentalités vont changer et vite s’adapter à la situation. D’ici là, il continuera à devoir faire garder ses enfants pour aller travailler tant bien que mal. « Je ne chercher pas à engueuler les gens ou à leur faire la morale. Je demande juste que l’on nous respecte et que l’on fasse attention » conclut-il.

Maxime Trédan La Dépêche