Violences conjugales: ne plus taire l’inacceptable

En 2016, les services de gendarmerie ont dénombré 290 interventions et ceux de la police une par jour en moyenne pour des violences intrafamiliales, et notamment des cas de violences faites aux femmes. Ce nombre d’interventions est en hausse par rapport à 2015, et pourtant, le nombre de plaintes a baissé de 25 % en un an, avec « seulement » 165 faits portés à la connaissance du Parquet. Les violences intrafamiliales, et notamment les violences conjugales, passent trop souvent sous silence. Parfois jusqu’au drame comme à Gorses le 3 mars dernier où un coup de fusil fatal a mis un terme à l’engrenage de la violence.

À l’occasion de la signature du Protocole d’accompagnement et de suivi des victimes de violences conjugales le mercredi 8 mars dernier, le Procureur de la République et la Préfète ont lancé un appel à délier les langues. À ne plus taire l’inacceptable. « L’affaire de Gorses traduit l’intérêt que nous avons tous à signaler tout fait de violence, explique Nicolas Septe, procureur. Le tissu associatif est un relais important. Toute personne qui connaît une situation de violence doit la révéler. Si les violences restent dans la sphère familiale et ne sont pas révélées, le Parquet ne peut rien faire ». Catherine Ferrier, préfète, a de son côté tenu à ajouter : « seule une femme sur deux porte plainte. La violence intrafamiliale, ce ne sont pas que des bleus, ça conduit à la mort. Il faut réagir dès la première claque ou la première domination, avant que l’engrenage ne soit enclenché ». « Si les violences sont pas ou mal signalées, nous passons à côté d’une situation que nous aurions pu éviter » ajoute le procureur.

L’an dernier, 124 affaires de violences conjugales ont été jugées. Certaines parfois « légères » même si inacceptables, avec des stages de prévention et de sensibilisation à la clé pour l’auteur des actes de violence, d’autres beaucoup plus graves, avec des comparutions immédiates et/ou des incarcérations.

Ce protocole, le 5e du type, a pour objectif de pérenniser toute la mobilisation et les partenariats locaux, formalisant les actions de tous les signataires. Il sert également à faire un travail sur l’auteur des violences pour éviter les récidives et aggravations et garantit l’aide et l’accompagnement des victimes.

Des mesures de protections diverses

Les victimes sont souvent coupées de la société par leur « bourreau ». Et la peur, la culpabilité, la honte… empêchent la parole de se libérer et la victime de porter plainte.

Pourtant, tant au niveau national que local, nombre d’actions sont mises en place pour aider les victimes de violences conjugales. Un hébergement d’urgence peut être accordé, tout comme diverses aides pour retrouver une autonomie économique, frein fréquent pour les femmes qui sont sous l’emprise financière de leur conjoint… À noter aussi que le Parquet met en place des procédures d’éloignement du conjoint violent lorsqu’une plainte est déposée. Il s’agit là de protéger la victime dans l’attente d’un procès, et c’est toujours l’auteur des violences qui est contraint de quitter le domicile conjugal, même si c’est lui le propriétaire ou bailleur. Ainsi, la victime ne subit pas de double peine.

Par ailleurs, deux téléphones « grave danger » avec alerte directe aux secours en cas de menace sont en service dans le Lot. À noter également qu’une victime qui démissionne de son emploi pour s’éloigner d’un conjoint violent aura le droit à toutes les indemnités inhérentes à un licenciement sur justificatif de plainte et de changement de domicile.

Enfin, nouveauté cette année, l’association ALAVI (association d’aide aux victimes) peut procéder à une évaluation individualisée pour déterminer la totalité des préjudices subis et pouvoir ainsi demander des dommages et intérêts lors d’un procès.

Les acteurs locaux, notamment au niveau associatif, sont ainsi en réseau afin d’apporter toute l’aide à la protection et à la réinsertion. Ils sont complémentaires, et travaillent de concert pour accompagner les victimes. Parmi eux, on peut se rapprocher du CIDFF, de la Pause aux Filaos (accueil de jour à Luzech pour les victimes de violences conjugales), les assistants sociaux, l’UDAF… Les maires, les Maisons de Services au Public et les médecins sont également des référents qui sont appelés à suivre des formations pour orienter les victimes vers les associations. Sachant que le discours se doit d’être toujours dans l’accompagnement mais jamais dans la culpabilisation, ni dans la prise de décision forcée.

Et il reste le numéro d’appel national, le 3919, qui apporte écoute, soutien et qui éventuellement oriente vers des centres d’aides.

Marie-Cécile Itier La Vie Quercynoise

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