Une solution bio contre la processionnaire du pin

La chenille processionnaire du pin est dangereuse. Pour les pinèdes, les animaux, l’homme. Face à ce problème de santé publique, la société M2i Biocontrol a inventé une méthode de confusion sexuelle qui limite la prolifération de l’espèce.

Originaire du bassin méditerranéen, la chenille processionnaire du pin progresse depuis quelques années vers le nord de l’Europe à un rythme moyen de 4 km/an. Les dégâts causés par cette espèce sont nombreux : «Elle attaque les pins mais s’avère également dangereuse pour la santé animale et humaine. Pour le chien par exemple, c’est la langue qui est très souvent attaquée. C’est un véritable problème de santé publique», explique Christian Le Roux, directeur des affaires publiques M2i Life Sciences.

C’est au troisième stade larvaire que des poils urticants apparaissent sur ces chenilles. Ils jouent un rôle de défense contre les prédateurs, à l’image des oiseaux ou encore des mammifères. Ils peuvent aussi être emportés par le vent et ainsi se déposer sur les animaux ou les riverains. «À Marseille par exemple, une vingtaine d’enfants ont été hospitalisés après être entrés en contact avec ces chenilles processionnaires», déplore Christian Le Roux. «Tous les ans, 2000 chiens de chasse meurent à cause de cette chenille. C’est aussi un problème pour les menuisiers. Un bois contaminé par la processionnaire du pin perd 25% de sa qualité de base», affirme Olivier Guerret, dirigeant de la société M2i Biocontrol. Pour faire face à ce phénomène, il a donc inventé le Phero-Ball Pin.

L’arme anti-processionnaire

«Avant on luttait avec des pièges qui utilisaient des produits pesticides. Cela sollicitait des moyens humains et logistiques importants, or là ce n’est plus le cas», déclare Olivier Le Roux. «C’est une solution exclusivement bio, il n’en existait pas vraiment auparavant», selon Olivier Guerret. Elle est utilisée contre le papillon de la processionnaire de pin. Elle vise à saturer l’air grâce à des phéromones sexuelles spécifique à l’insecte. Elle empêche les mâles de détecter les femelles, limite les accouplements et ainsi la prolifération de ces chenilles. Cette solution est insérée dans un matériau biodégradable sous forme de billes. Elle est ensuite projetée à l’aide d’un paintball sur les arbres. «L’utilisation d’un paintball c’était aussi une façon de vulgariser la technique».


M2i Récompensée

Cette méthode phéromonale innovante a été développée en coopération avec l’INRA d’Avignon depuis 2014. Pouvant être utilisée dans la forêt comme à la ville, les trois années d’expérimentations ont démontré son efficacité.

C’est le 28 avril 2017 que le produit de biocontrôle conçu par M2i a été autorisé à une mise sur le marché par le ministère de l’Environnement, de l’énergie et de la mer.

Depuis, c’est une société australienne de produits agrochimiques, Nufarme, qui s’occupe de la distribution du Phero-Ball Pin.

Après des années de recherche et développement, plusieurs prix ont été remportés. En 2015, celui des entreprises et environnement du ministère de l’Ecologie et du développement durable dans la catégorie innovation ainsi que le trophée RMC des PME innovantes en 2016.

Cette société est pourtant récente. Fondée en 2012 elle est spécialisée dans la conception, la formulation et la production de molécules dites «complexes». Le groupe est divisé en trois pôles et c’est le centre de fabrication qui est basé à Parnac dans le Lot.