5 600 salariés au chômage partiel

Au-delà de la crise sanitaire du Covid-19, la crise économique a fragilisé nos filières d’activité. Dans le Lot, le préfet a déclenché une cellule de veille économique pour répondre au cas par cas aux difficultés de nos entreprises.

Chaque semaine, le préfet du Lot coordonne la cellule de veille économique du département. Elle rassemble les chambres consulaires et les services de l’Etat, en y associant la région, le conseil départemental ou encore l’Association des élus du Lot, afin d’appréhender au mieux la situation de tous les secteurs d’activité de notre territoire et de les aider à traverser la crise. À l’approche du déconfinement, nous avons interrogé Michel Prosic pour qu’il nous dresse l’état des lieux de l’économie lotoise.

Quelle est votre analyse sur notre situation économique ?

Sur les cinq premières semaines de confinement, nous dénombrions 2 473 demandes de chômage partiel d’entreprises lotoises, ce qui représentait 1 salarié sur trois. Ces sollicitations d’activité partielle ne se sont pas toutes concrétisées ; seules 1 397 entreprises l’ont mis en œuvre, soit au final 5 600 salariés lotois concernés, ce qui représente un salarié sur 10. Cette procédure a un seul objectif : la sauvegarde de l’emploi dans la durée afin d’éviter des licenciements.

Trois domaines économiques y ont eu majoritairement recours : les commerçants (26 %), l’hôtellerie-restauration (15 %) et la construction (15 %).

Les deux secteurs qui souffrent particulièrement sont évidemment le tourisme et le commerce, car ils ont été dans l’obligation de s’arrêter complètement. Je pense ainsi aux restaurateurs qui, après le 11 mai, ne reprendront pas et n’ont toujours pas de visibilité sur leur redémarrage. À l’hôtellerie, aux campings, aux sites touristiques… qui voient leur début de saison amputée.

Qu’en est-il des licenciements et des entreprises en défaillance ?

Suite aux échanges avec Pôle Emploi, leurs agents n’ont pas noté une explosion du nombre de chômeurs dans le Lot, mais constatent évidemment une baisse considérable des offres d’emploi. Quant au président du Tribunal de Commerce, il m’a indiqué qu’il n’avait aucun nouveau dossier sur la table.

On observe un frémissement de l’économie, une légère reprise, comment s’explique-t-elle ?

L’État a fait le choix de laisser ouvert les commerces de premières nécessités, mais d’autres activités pouvaient se poursuivre. Or, le confinement a été interprété de façon stricte parfois et tout a été stoppé. Le BTP, par exemple, que nous sommes en train de faire redémarrer progressivement, en sollicitant les donneurs d’ordre (bailleurs sociaux, grosses collectivités, etc.) et maîtres d’ouvrage pour identifier les freins à la reprise de leurs chantiers et débloquer la situation.

On s’est aussi rendu compte au fur et à mesure que des besoins indispensables étaient non couverts, et nous avons mis en œuvre des réouvertures, comme pour la vente des plants de légumes dans les jardineries.

Les marchés aussi ont largement réinvesti nos places…

Au départ, seuls 12 marchés de plein air ont été autorisés. Mais les élus et les producteurs locaux se sont mobilisés pour réorganiser les dispositifs barrières et de précaution, et permettre de garantir la sécurité sanitaire. À ce jour, nous avons une trentaine de dérogations de réouverture. Ces marchés sont essentiels, car ils constituent un débouché pour écouler la production agricole quand les cantines et les restaurants sont fermés.

L’agriculture est fragilisée, je salue la campagne de valorisation qui a pu se mettre en place dans les moyennes et grandes surfaces ; ainsi que l’organisation de producteurs locaux avec des drives, des paniers… Le Lot a une carte à jouer, celle de ces modes de consommation qualitatifs et de proximité. Cet approvisionnement en circuits courts pourrait être le schéma d’après-crise.

De quels leviers disposent nos entreprises pour résister à cette crise ?

Il y a le recours à l’activité partielle, mais aussi le fonds de solidarité qui a bénéficié à 1 823 entreprises pour un montant de 2,367 millions d’euros ; soit 1 300 €/ entreprise en moyenne. Le report fiscal et les délais de paiement qui vont concerner 153 entreprises pour un montant fiscal de 2,230 millions d’euros, et le prêt garanti avec 90 % du coût du prêt bancaire pris en charge par l’Etat.

Les collectivités locales se mobilisent aussi pour soutenir l’emploi et l’activité, qu’en pensez-vous ?

Oui, ainsi que la région Occitanie. Tous ces dispositifs sont complémentaires. J’ai écrit à nos élus pour leur détailler ces aides de l’Etat et de la région et leur soumettre des idées de soutien qu’ils peuvent mettre en place pour accompagner leurs entreprises. Un exemple, les cafetiers paient un droit d’occupation du domaine public pour leur terrasse. C’est une taxe qui peut être atténuée ou même suspendue.

Laetitia Bertoni La Dépêche