Conseil communautaire du Grand Cahors

Ce n’est pas une surprise, l’orientation budgétaire du Grand Cahors est influencée par la crise sanitaire. Jean-Marc Vayssouze détaille des actions concrètes. Thierry Lorin, quant à lui, s’attarde sur l’effondrement de l’épargne nette et la hausse de la fiscalité. C’était jeudi soir en séance du conseil communautaire du Grand Cahors. L’opposition a haussé le ton. Le président de la communauté d’agglomération a calmé le jeu. Ambiance. 

« Agir plutôt que subir. » C’est par ces mots que Jean-Marc Vayssouze, président du Grand Cahors, a ouvert la séance du conseil communautaire jeudi soir au Parc des expos de Cahors-Lalbenque. Il a insisté au préalable sur « les réformes nationales qui ont constitué autant de pressions sur les ressources de la collectivité et qui expliquent que notre épargne nette soit en baisse » a-t-il regretté avant de déplorer la baisse historique des dotations.

 

« Entre 2014 et 2018, notre communauté a subi un choc majeur sans précédent sur ses ressources avec une perte qui s’élève à 6 800 000 €. » Jean-Marc Vayssouze a également mis l’accent sur la suppression de la taxe d’habitation : « Une nouvelle entaille dans la libre administration de nos collectivités. Notre autonomie fiscale se réduit et nous sommes dépendants des décisions nationales. »

 

Les effets du coronavirus sur le budget

Enfin, le président du Grand Cahors a inévitablement abordé la crise sanitaire qui complique « l’équation budgétaire. »
Le coût généré par les effets du coronavirus dépasse les 650 000 € et impose une redistribution des cartes qui ne fera pas que des heureux gagnants. « La seule marge de manœuvre dont nous disposions jusqu’à aujourd’hui était la fiscalité économique. Nous devons soutenir notre tissu économique. La situation nous oblige à prendre nos responsabilités » a ajouté le président du Grand Cahors.

Dans le cadre de ce Rapport d’orientation budgétaire (ROB), il a décrit les grandes lignes du budget qui devra permettre « d’engager des économies de fonctionnement de l’ordre de 1 million d’euros afin de ralentir encore la trajectoire des dépenses de la collectivité. »

Autre effort à fournir : « Élargir nos ressources en établissant un taux foncier bâti après 10 ans de stabilité des taux de fiscalité et comme plus de 70 % des communautés d’agglomération du pays. »

Le soutien au monde économique

Le conseil a voté en faveur de « l’exonération de loyers pour les entreprises accueillis dans des bâtiments communautaires qui ont été contraintes de fermer pendant la crise ; l’exonération de la redevance spéciale des ordures ménagères sur cette même période de fermeture des entreprises ; le dégrèvement de CFE pour l’année 2020 pour les secteurs du tourisme, de la restauration, du sport, de la culture, du transport aérien et de l’événementiel ; la mise en œuvre d’aides à l’achat de vélos pour accompagner la transition écologique et soutenir les fabricants et les distributeurs présents sur notre territoire ; l’établissement de bons d’achat au profit du comité des œuvres sociales qui constituera autant de chiffres d’affaires complémentaires pour le commerce local ; l’augmentation significative des budgets alloués à l’aide à l’immobilier… ».

Jean-Marc Vayssouze a conclu l’énoncé de « cette palette d’aides nouvelles » en annonçant qu’elle correspondait à « une mobilisation du Grand Cahors à hauteur de 1 million d’euros. Montant que je juge indispensable pour faire face à l’urgence économique et préparer le rebond du tissu local d’activités»

Épargne nette et fiscalité : Thierry Lorin réagit

Thierry Lorin s’est ensuite présenté aux membres du conseil communautaire provisoire du Grand Cahors, en tant qu’élu de l’opposition à Cahors (liste Cahors Ensemble et autrement). Ceci donc avant la désignation du président et des vice-présidents, prévu le 15 juillet. Ce n’était pas qu’une simple présentation de courtoisie. Thierry Lorin a sorti l’artillerie lourde.

« Votre Rapport d’orientation budgétaire me fait me poser beaucoup de questions. La situation financière n’est pas loin d’être catastrophique à mon sens. L’épargne nette dont vous avez parlé s’est effondrée entre 2018 et 2019 en passant de 1 100 000 € à 340 000 €. C’est très faible. Elle était même de 2 500 000 € en 2015. Je ne suis pas convaincu par vos explications. Vous évoquez la diminution historique de la DGF, mais je constate que depuis 2016, la DGF du Grand Cahors ne baisse quasiment plus. La raison est donc ailleurs. Vous le savez pertinemment. Vos dépenses de fonctionnement augmentent sans cesse. On est passé de 27, 5 millions d’euros en 2016 à 31,3 en 2019. Cette dette est la vraie raison de l’effondrement de l’épargne nette. D’autre part, la fiscalité va s’alourdir en 2020 sur notre territoire. Vous instituez la taxe foncière avec un taux de 3 % sur les propriétés bâties. C’est quasiment 1,6 millions d’euros supplémentaires. Vous n’y allez pas doucement » estime Thierry Lorin.

Pour ces raisons et d’autres, il a annoncé la couleur : « Vous comprendrez que je voterai contre la majorité des délibérations qui seront prises. »

La crise sociale et la transition écologique oubliées selon Elsa Bougeard

Deuxième salve avec Elsa Bougeard (liste Cap à Gauche).
« Je pense que le seul conseil légitime sera celui qui sera installé bientôt. Nous pouvions attendre pour ces délibérations. Je reviens sur deux points essentiels. La crise sociale et la transition écologique. Aucun signal fort n’est donné dans ces directions. Je ne voterai pas le budget » a-t-elle déclaré fermement.

En guise de réplique, Jean-Marc Vayssouze a d’abord apporté son éclairage à Elsa Bougeard sur la tenue de ce conseil jeudi avant l’installation des nouveaux élus le 15 juillet : « Le texte de loi prévoit que le ROB devait se tenir avant le 3 juillet. »

Puis, en réponse à Thierry Lorin, il a rappelé que « l’objectif était de maintenir le cap. Nous assurons les investissements structurants. C’est facile de dire que des dépenses progressent. Nous pouvons voir dans le détail les services que vous voulez supprimer. »

Bref, le ton est donné entre les deux hommes pour les prochains conseils du Grand Cahors et de la ville de Cahors.

Les hommes du président 

Yves Raynal : L’homme libre. Le président du Grand Cahors a rendu avant la séance un vibrant hommage à son ancien directeur de l’action économique, le regretté Yves Raynal. « Sa disparition brutale au guidon d’une moto qu’il affectionnait tant, a marqué notre communauté. Pendant près de 13 ans il aura œuvré au service du dynamisme économique de notre territoire. On doit à Yves d’avoir réussi à nourrir le lien entre notre collectivité et le tissu économique. » Une minute de silence a été observée en la mémoire de cet « homme libre, passionné de cheval et de moto. »

Une minute de silence a été observée en début de séance pour rendre hommage à Yves Raynal, ancien directeur de l’action économique au sein de la communauté d'agglomération.
Une minute de silence a été observée en début de séance pour rendre hommage à Yves Raynal, ancien directeur de l’action économique au sein de la communauté d’agglomération. – Photo DDM

Christophe Vachet : L’homme-orchestre. Jean-Marc Vayssouze a aussi salué le travail de Christophe Vachet, DGS (Directeur général des services) qui quitte ses fonctions au Grand Cahors. « Homme de défi, c’est certainement en mobilisant les organisations en mode projet que tu as pris le plus de plaisir et fait valoir tes talents d’ensemblier et d’homme-orchestre. »

Michel Simon : Le bâtisseur. L’élu communautaire Michel Simon était particulièrement ému lors de son dernier discours. Le nouveau visage de Cahors, jadis ancienne belle endormie que Michel Simon a su réveiller, lui doit beaucoup. Jean-Marc Vayssouze a salué la fidélité, le travail et les compétences de celui qu’il a surnommé « Michel le bâtisseur. » Un surnom qui va coller à la peau de cet élu très applaudi que vous reverrez dans nos colonnes.

Jean-Luc Garcia La Dépêche