Edouard Philippe annonce 5 milliards pour la réhabilitation des centre-villes

Clément Marot

Edouard Philippe aime bien l’histoire avec un grand H. Dans son discours de clôture de la Conférence nationale des territoires qui se déroulait ce jeudi 14 décembre au parc des expositions du Grand Cahors en présence de plusieurs ministres, il a rendu hommage en préambule au plus célèbre des Cadurciens, Léon Gambetta n’hésitant pas à le citer : « La démocratie n’est pas le gouvernement de l’uniformité ni de cette discipline passive que l’on rêve dans d’autres partis, c’est le gouvernement de la liberté de penser, de la liberté d’agir. De là, par conséquent, la nécessité d’une perpétuelle communication de tous les citoyens entre eux, à la condition, condition unique, de délibérer pacifiquement. » Il est ensuite revenu « sur la définition d’une relation financière entre l’Etat et les collectivités territoriales » : « Ce contrat, il ne s’applique pas à tous. Il se concentre sur 340 collectivités, c’est-à-dire les départements, les régions, et les communes et EPCI qui dépensent plus de 60 millions par an. Cela représente moins de 1% des communes. Pour celles-là et celles-là seules, nous proposerons la signature d’un contrat pour consolider leur capacité d’autofinancement et réduire, à investissement constant, leur recours à l’emprunt. » Le 1er ministre a conclu son propos par une annonce de taille qui renvoie à la politique Cœur d’agglo menée par la ville de Cahors justement : « Pour faire revenir des habitants dans les centres-villes, nous devons rendre la ville plus confortable, plus adaptée aux usages contemporains, plus accessible et plus belle aussi. Pour ce faire, Action logement va mobiliser 1,5 milliard d’euros pour la réhabilitation de logements pour les salariés ; la Caisse des dépôts et consignations va mettre en place des prêts à taux bonifiés pour les bailleurs sociaux ; et nous allons lancer une évaluation du dispositif « Malraux » pour voir s’il est envisageable de le faire évoluer en direction des villes moyennes. Ensuite, nous devons faciliter le retour des commerces au centre-ville. Il faut pouvoir à la fois, dans un cadre contractualisé, faire une pause sur les installations commerciales en périphérie si le centre connaît une vacance commerciale très élevée, et faciliter l’installation de commerces en centre-ville en en allégeant les procédures d’autorisation. » Et d’avouer pour finir « la vraie raison du choix de Cahors » : « Je vous ai parlé d’un enfant de Cahors, Léon Gambetta. Je voudrais en évoquer un autre, Clément Marot. Pourquoi Clément Marot ? Parce qu’au XVIème siècle, de retour d’Italie, il a fixé une règle très importante de la grammaire française. La règle selon laquelle le participe passé d’un verbe s’accorde avec le complément d’objet direct lorsque celui-ci est placé avant le verbe. Cette règle en a fait souffrir plus d’un. Mais c’est important la grammaire. Et comme j’ai déjà eu l’occasion de vous le dire, nous sommes en train d’inventer la grammaire des nouvelles relations entre l’Etat et les Collectivités territoriales. Je ne sais pas si nos règles connaîtront le même succès que celle inventée par cet enfant de Cahors, mais vous aurez compris, pourquoi cette réunion de la conférence nationale des territoires ne pouvait se tenir ailleurs qu’à Cahors. » L’histoire avec un grand H à la sauce cadurcienne.

> Le plan centre-ville qui concerne en particulier les villes moyennes, mobilisera 5 milliards d’euros sur 5 ans. Son objectif est d’accompagner les municipalités dans leurs projets de réhabilitation de leurs centres.

> La conférence s’est achevée dans la précipitation avec le départ d’Edouard Philippe sur les lieux du drame de Millas.

>  Emmanuel Crenne finalement invité. Le conseiller régional FN avait écrit au 1er ministre pour se plaindre de ne pas avoir été invité au CNT… il s’est présenté au parc des expositions et a pu finalement entrer. Son commentaire sur la Conférence : « Beaucoup de bruit et d’argent pour rien. »

Ils étaient une centaine à avoir répondu à l’appel de CGT, FSU, SUD Solidaires, Confédération Paysanne et à manifester aux abords du giratoire de Karthors.

Medialot


Relégués au bord du circuit de karting, à près de 800 mètres du Parc des expos, les représentants de la CGT, Solidaires, FSU et de la Confédération paysanne ont déploré ce «parcage antidémocratique». Jérôme Delmas, secrétaire départemental de la CGT, rappelle que «le Premier ministre a affirmé qu’il venait dans le Lot pour se rapprocher des territoires et des habitants. Nous étions plus de 100 personnes à espérer cette rencontre pour l’interroger sur les questions des salaires, de l’emploi, des retraites… Nous n’avons pu hélas que constater la conception du dialogue social qu’avait Édouard Philippe». Cette manifestation, la face cachée de la Conférence des territoires, s’est soldée par des prises de paroles où, parmi les revendications, figurait «le développement des services publics de proximité pour améliorer le quotidien des populations dans tous les territoires».

Un sujet phare que Jérôme Delmas voulait aborder avec Édouard Philippe venu justement s’exprimer sur ce thème.

Même déception le soir avec les manifestants de France Insoumise soutenus par des Cadurciens qui n’ont pas vu l’ombre du Premier ministre à Cahors.

La manif, à Cahors, était aux couleurs de Noël. «Nous avons souhaité montrer les cadeaux empoisonnés que le Premier ministre fait aux Français en délocalisant le Ministère du Père Noël à Cahors» ironise Isabelle Eymes au nom de son association citoyenne L’humain d’abord. Elle semble voir plus, en Édouard Philippe, un Père Fouettard qu’un Père Noël.

 

Parti hier soir à Millas sur les lieux de l’accident de bus (lire en pages 2 et 3), le Premier ministre devrait cependant être de retour dans le Lot ce matin. À 8 heures, il doit se rendre à la Cité Scolaire Léo-Ferré de Gourdon, pour un échange avec les lycéens sur l’orientation du lycée à l’enseignement supérieur.

à 10 heures, il est attendu à Figeac, il y sera question de culture et de patrimoine. Il passera par l’église Notre-Dame-du-Puy (à partir de 11 heures) le musée Champollion et l’Astrolabe.

À Rocamadour (12 h 45) il doit déjeuner et en même temps parler de «valorisation de l’offre touristique du département», en présence d’apprentis dans le secteur de l’hôtellerie et de la restauration.

À 14 h 30, il doit visiter le Gaec du Domaine de Mordesson et échangera avec les syndicats agricoles du Lot.

Enfin à 16 h 30, à Biars-sur-Cère, la visite de la «maison de services au public» sera l’occasion d’évoquer le lancement de l’expérimentation pour reconstruire les services publics.

Soit un périple de quelque 200 km. Dans le Lot, on compte en temps de parcours : environ 3 h 30. De quoi mieux appréhender le territoire.