Il y a 75 ans plus de 700 000 personnes étaient dans les camps de concentration

À l’occasion de la Journée nationale du Souvenir des Victimes et Héros de la déportation, Michel Prosic, préfet du Lot a déposé une gerbe au monument de Cahors hier matin. Cette cérémonie officielle s’est déroulée en comité très restreint compte tenu de la crise sanitaire.

 

Étaient présents aux côtés du représentant de l’Etat dans le Lot, Jean-Marc Vayssouze-Faure, maire de Cahors, et le président du musée de la Résistance et de la Déportation de Cahors.

Cette commémoration est l’occasion de diffuser un extrait du message des associations de déportés « qui veulent faire de la journée nationale du Souvenir des Victimes et des Héros de la Déportation, une journée d’hommage, de recueillement, et plus encore, d’engagement personnel ». « Il y a 75 ans, au printemps 1945, plus de 700 000 hommes, femmes et enfants étaient regroupés dans ce qui restait de l’univers concentrationnaire et génocidaire nazi à l’agonie. La moitié d’entre eux devait encore périr, notamment dans les marchés de la mort, avant que les armées alliées, dans leur progression, n’ouvrent enfin les portes des camps sur une insoutenable vision d’horreur. Les survivants de ce drame du genre humain, par leur esprit de résistance, leur volonté et leur profond attachement à préserver leur dignité, ont surmonté des conditions inhumaines malgré la présence et la menace permanentes de la mort […] De tout cela, rien ne doit être oublié… »

La déportation des juifs

En 1940, 300 000 à 330 000 Juifs vivent en France métropolitaine et 370 000 en Afrique du Nord.

La convention d’armistice du 22 juin 1940 signé entre le représentant du Troisième Reich d’Hitler et celui du gouvernement français de Pétain, s’il ne comprend aucune disposition relative aux Juifs…

Les ordonnances allemandes et les lois contre les Juifs et les étrangers prises par le régime de Vichy

Collaboration policière sous le régime de Vichy, Lois contre les Juifs et les étrangers pendant le régime de Vichy

Affiche sur la ligne de démarcation

De l’armistice à l’invasion de la zone libre

Dès l’été 1940l e régime de Vichy prend les premières mesures antijuives peu après les autorités allemandes, dès l’automne 1940 : le Statut des Juifs du 3 octobre interdit aux Juifs français d’exercer certaines professions (enseignant, journaliste, avocat, etc.), tandis que l’acte dit loi du 4 octobre 1940 prévoit d’enfermer les étrangers juifs dans des camps d’internement au sud du pays comme celui de Gurs, où ils sont rejoints par des convois de Juifs déportés par les Allemands depuis des régions que le Reich désire définitivement annexer, comme l’Alsace, la Lorraine et même, pour certains, de Belgique.

Affiche diffusée à Marseille en juillet 1941 ordonnant le recensement des Juifs

Le Commissariat général aux questions juives créé par l’administration de l’« État français » en mars 1941 organise la spoliation des biens juifs7 et orchestre la propagande antisémite, tandis que les Allemands commencent, en zone occupée, à établir des fichiers recensant les Juifs et que le Second statut des Juifs du 2 juin 1941 achève de systématiser sur l’ensemble du territoire. Ces fichiers, dont le fichier Tulard8, secondent l’administration nazie dans sa politique de déportation, alors que l’absence de port de l’étoile jaune, qui n’est pas obligatoire en zone non occupée, ne protège pas les Juifs des grandes rafles9.

Les rafles et la déportation

Une ordonnance allemande ordonne le port de l’étoile jaune à tous les Juifs âgés de plus de 6 ans le 29 mai 194211.

Les arrestations de Juifs en France commencent dès 1940 pour des personnes individuelles, et massivement en 1941. La première rafle a lieu le 14 mai 1941. Les Juifs arrêtés, hommes et étrangers, sont internés dans les premiers camps de transit : le camp de Pithiviers et celui de Beaune-la-Rolande dans le Loiret (3 747 hommes). La deuxième rafle, les 20-21 août 1941, concerne 4 232 hommes français et étrangers, qui sont conduits au camp de Drancy12.

La déportation des Juifs commence le 27 mars 1942, date de départ de Paris pour Auschwitz du premier convoi13. Elles visent également les femmes et les enfants à compter de la rafle du Vel d’Hiv des 16 et 17 juillet 1942, durant laquelle 13 000 Juifs sont arrêtés par la police française. En zone occupée, l’administration et la police françaises sont en effet sous l’autorité allemande. Elles appliquent donc les ordonnances allemandes prises contre les Juifs et livrent en 1942 aux Allemands les Juifs étrangers des camps d’internement. Elles contribuent également à envoyer plusieurs dizaines de milliers d’entre eux à la mort dans les camps d’extermination via le camp de Drancy15.

En zone non occupée, à partir d’août 1942, les Juifs étrangers qui avaient été déportés après l’armistice dans les camps de réfugiés du Sud-Ouest de la France, comme celui de Gurs, sont à nouveau arrêtés et déportés dans des convois à destination de la zone occupée, puis des camps d’extermination en Allemagne et en Pologn. Le 26 août 1942 une rafle orchestrée par les services du secrétaire général à la Police du gouvernement de Vichy René Bousquet fait arrêter et déporter 6584 juifs étrangers ou apatrides résidant en zone sud, encore non occupée à cette date. Cette initiative qui repose uniquement sur les forces de police et gendarmerie française des 40 départements de la zone libre joue un rôle certain dans la prise de conscience de la Shoah par les Français.

De l’invasion de la zone libre à la capitulation de l’Allemagne le 8 mai 1945

En novembre 1942, l’ensemble du territoire est sous contrôle allemand, à l’exception de la zone d’occupation italienne où les Juifs sont plutôt épargnés, ceci jusqu’à la chute du régime de Mussolini et au remplacement des troupes italiennes par les Allemands en septembre 1943.

Les autorités allemandes prennent de plus en plus en charge la traque des Juifs, alors que Vichy doit composer avec une opinion rendue progressivement sensible aux persécutions et que la Résistance juive se structure. Cependant, la Milice constituée de Français acquis à l’idéologie nazie, redouble d’activité pour livrer aux Allemands les familles juives dont elle connaît l’existence. C’est ainsi que le rythme des convois vers l’Allemagne s’amplifie. Les derniers, en provenance du camp de Drancy, quittent la gare de Bobigny le 31 juillet 194418.

En Algérie, le général Giraud puis le général de Gaulle tardent à rétablir la légalité républicaine : les Juifs ne retrouvent ainsi la citoyenneté française que le 20 octobre 194319.

Entre 1942 et 1943, dans la clandestinité, des groupes de résistants favorisent la création du SERE (Service d’évacuation et de regroupement d’enfants — qui devient en 1944 l’OPEJ). Sa mission essentielle consiste alors à sauver des enfants juifs dont les parents ont été déportés ou ont disparu. Ces enfants, menacés d’arrestation et de déportation, sont mis à l’abri dans des familles et institutions non juives. Dès septembre 1944, l’OPEJ regroupe les enfants dans des maisons d’enfants de déportés, créées à leur intention.

René Carmille, chef du service national des statistiques, sabote l’utilisation par les autorités d’occupation des fichiers indiquant la « race » juive, constitués sur les cartes perforées utilisées par les systèmes mécanographiques. Carmille est arrêté à Lyon en février 1944 et meurt en déportation21.

Le Camp de Drancy

Article principal : Camp de Drancy.

D’août 1941 à août 1944, le camp d’internement de Drancy ou camp de Drancy a été la plaque tournante de la politique de déportation antisémite en France. Situé au nord-est de Paris, dans la ville de Drancy , ce camp a été pendant trois ans le principal lieu d’internement avant déportation pour la majorité des convois ce fut pour Auschwitz. Neuf Juifs déportés de France sur dix passèrent par le camp de Drancy lors de la Shoah.

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Déportés Tsiganes

Les Nazis considéraient les Tsiganes comme « racialement inférieurs », et le destin de ceux-ci fut, en de nombreux points, parallèle à celui des Juifs. Les Tsiganes subirent l’internement, le travail forcé et beaucoup furent assassinés.

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Déportés résistants

Au tout début des années noires, les résistants étaient quelques milliers ; à la fin de 1942, quelques dizaines de milliers ;au tout début de 1944, environ 200.000..

Les arrestations ont touché entre 25% et 40% des effectifs résistants..

le nombre des fusillés –entre 4.520 et 4.540 personnes..

le nombre de déportés pour faits de Résistance est estimé à environ 57.000 ; parmi ces déportés, le nombre des morts s’établirait entre 18.000 et 20.000

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Musée de la résistance et de la déportation à Cahors

Il aura fallu un an et demi de travaux pour que le musée de la Résistance et de la Déportation emménage dans ses nouveaux quartiers, au sein du cinéma multiplexe. Un an et demi d’inventaire des collections, de restauration des objets, d’enrichissement de la documentation qui lui auront donné un nouveau visage, pour ses 25 ans d’existence. Des outils numériques doivent également rendre la visite plus interactive, en particulier avec les enfants. À l’heure où nous rédigeons ces lignes, les travaux étaient en cours de finition, mais aucune date de réouverture n’avait encore été fixée.

Le Musée présentait, dans six salles, la naissance et le développement de la Résistance dans le Lot, les déportations et persécutions qui en résultèrent, les combats de la Libération et enfin, l’épopée des Français libres de Brazzaville à Berlin.