la place des écrans dans l’univers familial

Une table ronde se tiendra vendredi 15 novembre, à 20 h 30, au café associatif le 3e Lieu à Flaugnac, sur le thème «Comment accompagner ses enfants, dialoguer et rester branché ?». La soirée sera animée par Vladimir Nadal, éducateur au Centre de soins d’accompagnement et de prévention en addictologie de Cahors (ouverture du café à 19 h 30).

Dans le cadre d’une action collective de sensibilisation autour des écrans, en partenariat avec la Maison de services au public de Castelnau-Montratier (MSAP) et le café associatif de Flaugnac, la médiathèque-MSAP de Castelnau-Montratier propose ce rendez-vous autour de la place des écrans dans l’univers familial. Il s’agit aussi d’offrir des pistes pour améliorer l’attention et la concentration des enfants. Un buffet froid sera offert pour prolonger la soirée.

Vendredi 22 novembre, à 20 h, le café propose une soirée-concert dans l’église de Flaugnac avec l’ensemble vocal Divona. Le concert sera suivi d’un vin chaud (ouverture du café à 19 h). La chorale Divona, créée en 1986 par Albertus Dercksen, fait partie du conservatoire de musique et de théâtre Philippe Gaubert de Cahors.

Divona donne plusieurs concerts chaque année dans de nombreuses églises du département et des environs. Composé d’une cinquantaine de choristes et accompagné selon l’œuvre interprétée par des solistes et des instrumentistes professionnels, l’ensemble propose un répertoire allant du chant grégorien à la musique contemporaine, de Bach à Messiaen. La participation est laissée libre au chapeau.

Enfin, pour clôturer ce planning de novembre, samedi 23 novembre, de 17 heures à 23 heures, place aux jeux avec deux animatrices de la ludothèque de l’intercommunalité Jeux et compagnie. Petite restauration ; entrée gratuite. Il n’est pas nécessaire d’adhérer à la ludothèque pour participer, mais l’adhésion est nécessaire (et modique !) pour consommer au café.

 

Écrans : écartez les enfants

Que risquent les jeunes d’aujourd’hui à jouer avec les smartphones ? Au-delà de combien de temps l’exposition aux écrans est-elle nocive pour les enfants ? Comment restreindre l’accès aux jeux vidéo et aux tablettes ? L’enfant et les écrans, vaste sujet des discussions familiales, mais pas seulement.

Les enfants et les écrans : pas d'exposition avant six ans préconise Michel Desmurget
Les enfants et les écrans : pas d’exposition avant six ans préconise Michel Desmurget © Getty / Peter Cade

Le neuroscientifique, Michel Desmurget, publie La fabrique du crétin digital, les dangers des écrans pour nos enfants. Il était l’invité d’Ali Rebeihi dans l’émission Grand bien vous fasse. Pour lui, la situation est déjà désespérée pour nos enfants. Les outils numériques entraînent des troubles de l’attention, du langage, des problèmes d’agressivité, de sommeil et d’échec scolaire. Ils affectent gravement le développement des enfants. Les parents sont en plein déni, souvent intoxiqués par des experts soumis à des conflits d’intérêt.

Pourquoi est-il aussi alarmiste sur les relations entre écrans et cerveau ? 

L’exposition précoce aux écrans (films, séries, vidéos, jeux vidéo, réseaux sociaux…) est un désastre absolu. 

On constate déjà des problèmes de développement chez les enfants : leur cerveau n’est pas fait pour subir ce bombardement sensoriel, il n’a pas été « câblé » pour ça par l’évolution. Des études prouvent que l’on trouve, chez les petits, du retard dans le développement du langage, de l’attention et de la mémorisation et que cela a aussi des effets sur l’activité physique ». 

Plus de 1000 heures par an devant un écran en maternelle !

Michel Desmurget : « Un enfant de maternelle passe aujourd’hui 1000 heures par an devant un écran, un élève en élémentaire en CM1/CM2 : 1700, et un lycéen : 2400 h. On ne se rend pas compte, on se dit qu’une à deux heures par jour, c’est peu, mais cumulé sur une année… On arrive à un nombre d’heure affolant. »

Or, dès un quart d’heure par jour, on a des déficits… 

Michel Desmurget : « Un quart d’heure, c’est peu, mais si vous le passiez à lire une histoire à votre enfant, même lentement, c’est plus de 750 000 à 800 000 mots qu’aurait entendu votre enfant à la fin de l’année. » À lire Vie quotidienne Comment aider nos ados à se concentrer ?

L’agilité numérique précoce n’existe pas 

Michel Desmurget : « On parle de « digital native », mais le cerveau des enfants n’a pas été transformé. Le cerveau reste le même. C’est un cerveau qui a quelques dizaines de milliers d’années, donc un cerveau « vieux ». Sauf que, quand on fait faire quelque chose de nouveau à un cerveau, il va se structurer différemment. 

On nous dit que le cerveau des personnes qui jouent à des jeux vidéo est plus gros et que donc, ils sont plus intelligents. On nous ferait presque croire que de ne pas donner de console vidéo est de la maltraitance ! Mais, non, les joueurs ont seulement un cerveau différent. 

Si on regarde de plus près, les zones qui grossissent dans le cerveau sont celles qui sont liées à la gestion du joystick : on ne peut pas dire que cette compétence soit exceptionnelle, ni transférable… 

D’autres chercheurs ont démontré qu’il y avait un lien entre temps d’écran, et baisse du QI. 

Les écrans sont des excitants qui jouent sur le sommeil. Or, on ne doit pas toucher au sommeil qui contrôle tout notre développement (mémoire, système immunitaire…). »

Pourquoi parle-t-il de « crétin digital » ? 

Michel Desmurget : « On constate un appauvrissement du vocabulaire et de la langue. On ne parle pas de la même façon à l’oral et à l’écrit. Il y a par exemple 40% des élèves de 3e au brevet qui ne connaissaient pas le mot « infernal ». On est rendu à un point qu’il a fallu réécrire des livres de la bibliothèque rose comme Fantômette ou Le club des 5. Des phrases comme « nous nous arrêtâmes pour pique-niquer dans un lieu champêtre » devient « on s’arrête pique-niquer en haut de la colline ». « 

Pourquoi ne sommes-nous pas plus vigilants ?

Michel Desmurget : « Comme pour le tabac, le réchauffement climatique, ou les pesticides, des lobbys distillent le doute. Ils se trouvent toujours des « experts » un peu iconoclastes, souvent liés à l’industrie du jeu vidéo ou du divertissement, qui maintiennent un débat via les médias. »

Pour bien grandir, l’enfant a besoin d’humain et d’ennui

Michel Desmurget : « Selon l’OMS, « Le temps consacré à des activités sédentaires de qualité sans écran fondé sur l’interactivité avec des aidants comme la lecture, le chant, des histoires racontées ou des jeux éducatifs est capital pour le développement de l’enfant »

Dans le même sens, un chercheur a effectué une expérience sur les neurones miroirs. Il a fait des grimaces à des singes. Si ces mêmes grimaces étaient filmées, leurs neurones ne réagissent même plus. »

Le cerveau a besoin d’ennui, de tranquillité, pour se développer

Michel Desmurget : « Il y a quelques dizaines d’années, on avait repéré que des enfants ne se développaient pas bien et on avait relié ça à une sursimulation sensorielle… 

On a fait une expérience. On a pris deux groupes de rats : un avec toujours le même au niveau olfactif, et un autre à qui on changeait, cinq minutes par jour, l’odeur. Le groupe soumis à un bombardement sensoriel s’est mal développé : les rats sont devenus incapables de se concentrer, sont devenus hyperactifs, et avaient des conduites à risque. On a constaté chez eux un dérèglement du système de récompense à la base de l’addiction aux écrans, mais aussi de l’addiction en général. »

ÉCOUTER et LIRE | Les conseils de Michel Desmurget dans Grand bien vous fasse sur les écrans et les enfants 

LIRE | La fabrique du crétin digital, les dangers des écrans pour nos enfants de Michel Desmurger (Seuil)

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