L’hôpital de Cahors sera mieux financé

interview de Pierre Nogrette par La Dépêche:

Que retenez-vous et qu’appréciez-vous du plan de réorganisation de l’hôpital évoqué par le Président Macron ? 

La fin de la T2A (le financement des hôpitaux selon la nature et le volume des activités), le tandem directeur-médecins, l’augmentation des effectifs infirmiers et la nécessité de faire preuve de plus de souplesse dans la gestion des 35 heures à l’hôpital sont les grands axes de travail sur lesquels le gouvernement et l’hôpital planchent ensemble pour une meilleure prise en charge des patients dans de meilleures conditions de travail pour les agents hospitaliers. C’est un résumé, mais c’est la réalité voulue à appliquer. Voilà ce que je retiens principalement. 

Le système de la T2A était un vrai handicap pour l’hôpital. On parle d’un financement par objectifs désormais. Qu’est-ce que cela va changer ? 

Nous avions adopté le système de la T2A en souhaitant caler le budget de l’hôpital sur son activité propre, c’est-à-dire sur le nombre d’hospitalisations et le nombre d’acteS. Cela a eu des effets très négatifs pour notre structure. Ce n’était pas un bon modèle économique.

Ce qui est proposé désormais c’est de franchir le pas de la T2A vers ce que l’on appelle un financement par objectifs de santé publique. Cela correspond exactement au sens de notre mission, car nous avons une responsabilité sanitaire vis-à-vis de la population du Lot.

Dans ce nouvel esprit, nous devons, par exemple, assurer une excellente prise en charge des accouchements. Nous disposons à Cahors de la seule maternité du département. Avec le nouveau plan nous devons et nous allons être mieux financés pour cette mission clé. 

« Nous devons rendre notre hôpital encore plus attractif »

Certaines spécialités étaient en souffrance. Le nouveau système de financement leur permettra-t-il de tenir le choc économique si elles sont moins sollicitées ?  

L’hôpital de Cahors compte de nombreuses spécialités que nous sommes souvent les seuls à les assurer sur le département. Parfois certaines de ces disciplines ne réalisent pas assez d’activités pour être considérées comme rentables. Pour autant, elles sont viables et vitales et doivent être mieux soutenues.

Globalement je me réjouis de savoir que nous serons mieux financés. Nous avons des praticiens et des structures souvent au-delà de notre activité réelle, mais cela ne signifie pas qu’il n’y a pas de besoins. Nous sommes là pour les assumer dans les meilleures conditions.

Nous avons réussi à atteindre un équilibre financier, mais sur la longue durée cela ne pourra pas être toujours le cas. C’est assez fluctuant. Le nouveau système de financement permettra le maintien et l’amélioration de ces services.   

Comment améliorer l’image de l’hôpital globalement et l’inscrire sur le parcours de vie des Lotois comme une structure sanitaire salutaire ? 

Nous devons rendre notre hôpital encore plus attractif. La démographie et la sociologie de notre département vieillissant nous interpellent. On observe aussi qu’une partie de la population va se soigner dans d’autres départements. On parle de fuite de la patientèle.

Nous comptons plus de 20 spécialités dont des nouvelles comme une offre de soin en hématologie. Nous avons également deux médecins dermatologues. C’est par cette diversité et la rigueur de nos équipes que l’hôpital s’inscrira de manière évidente comme un allié sur chaque parcours de vie. 

« Il faut résonner en termes de territoire »

Quels sont les points forts de votre hôpital et qu’avez-vous apporté à cette structure depuis votre arrivée à sa tête ?

Notre force c’est justement le nombre de nos spécialités reconnues pour la  qualité des soins et des équipes. Je veux citer ici la chirurgie viscérale, la rhumatologie, l’urologie, la maternité, l’infectiologie, la gériatrie, la diabétologie, la cardiologie… Nous sommes l’établissement support du groupement hospitalier du territoire. Nous travaillons de plus en plus en réseau avec les autres centres hospitaliers du Lot.

Je préside une des instances de ce groupement : le Comité stratégique. J’insiste encore là-dessus, le nouveau mode de financement va nous aider à améliorer nos forces même si l’activité n’augmente pas.

Il faut résonner en termes de territoire. Nous disposons, par exemple, à Cahors, du seul service de réanimation du Lot. Entre Montauban et Brive, il n’y a pas de service comme celui-ci.  

« Fidéliser des médecins et recruter du personnel » 

Ces aides vont aussi vous permettre de recruter pour soulager et accompagner vos équipes. Quels sont vos besoins et vos intentions dans ce domaine fondamental ? 

Notre boulot au quotidien consiste à fidéliser des médecins mais aussi à recruter du personnel hospitalier : des infirmières, des aides-soignantes. Ce qui nous anime tous les jours, c’est le maintien d’une offre de soin de qualité. Le tandem directeur et médecins est renforcé. On est dans le dialogue permanent.

Avec un peu de bonne volonté un consensus peut être trouvé sur tous les sujets. C’est que nous essayons de faire aussi en termes de dialogue social avec les syndicats, les équipes soignantes et les cadres. Cela ne marche pas tous les jours, mais ma porte reste toujours ouverte. Nous voulons être réactifs pour éviter que les problèmes s’accumulent.  

Notre principale problématique actuellement, ce sont les effectifs infirmiers. Nous n’avons à ce jour quasiment plus de postes médicaux vacants, nous devons accentuer cet effet, mais aussi recruter et maintenir en poste des infirmières et infirmiers. Le Président Macron a dit que les effectifs infirmiers en formation allaient augmenter. Nous devons profiter de cet élan et balayer devant notre porte en réussissant à embaucher encore. 

L’installation d’un nouveau médecin, c’est une chance. Comment l’aidez-vous dans ses démarches ?

Notre chance c’est d’être un établissement de petite taille. On peut donc faire du cousu main pour aider un médecin qui veut s’installer. Nous l’accueillons le mieux possible, nous l’aidons dans la recherche de son logement, nous essayons de trouver des solutions pour chaque cas. Notre taille humaine nous permet d’offrir ce traitement particulier. Et cela marche assez bien ! 

Qualité de vie au travail et maintien de l’offre de soins : les priorités annoncées

Finalement comment définissez-vous votre rôle et vos priorités auprès de vos équipes soignantes ?

Ma responsabilité est de faire en sorte d’avoir une bonne qualité de vie au travail pour que nos agents aient envie de venir au boulot. Autrefois, la mission première d’un directeur d’hôpital consistait à respecter le budget. C’était une obsession financière.

Qualité de vie au travail et maintien de l’offre de soins : les priorités annoncées

Finalement comment définissez-vous votre rôle et vos priorités auprès de vos équipes soignantes ?

Ma responsabilité est de faire en sorte d’avoir une bonne qualité de vie au travail pour que nos agents aient envie de venir au boulot. Autrefois, la mission première d’un directeur d’hôpital consistait à respecter le budget. C’était une obsession financière.

Aujourd’hui, on parle de qualité de vie au travail et le maintien de l’offre de soins. Ce sont pour moi les deux principaux objectifs à tenir en cette année 2023. Ils sont très liés l’un à l’autre,

La cardiologie met du cœur à l’ouvrage en recrutant un grand professeur

Un dernier mot sur les services qui vont être créés, s’agrandir ou accueillir de nouveaux praticiens. Bref, l’avenir de l’hôpital en 2023 et après… 

L’offre de soins se développe au niveau de la cardiologie avec la venue de cardiologues du CHU de Toulouse, dont notamment le professeur Didier Carrié, cardiologue et doyen de la faculté de médecine de Toulouse ainsi que d’autres cardiologues qui interviendront de façon hebdomadaire au centre hospitalier de Cahors.

Les locaux historiques de l’hôpital en voie de réhabilitation pour un investissement de 15 millions d’euros vont permettre d’accroître nos places en service de soins palliatifs. Enfin, nous allons également y installer une unité de soins dentaires, notamment pour des traitements délicats, en particulier au service des patients handicapés. 

D’après La Dépêche