Seuls 15 % des maires sont certains de se représenter face à la difficulté du mandat

Pour comprendre la « lassitude démocratique » des maires et conseillers municipaux, le groupe LR du Sénat a commandé une étude à l’institut Ifop, dont les résultats, dévoilés le 29 janvier, donnent à voir un tableau ambivalent : des élus locaux à la fois satisfaits d’exercer leur mandat, mais de plus en plus en difficulté par rapport aux attentes de leurs administrés et dans leur relation avec l’État et l’intercommunalité.

A 13 mois maintenant des prochaines élections municipales, et en pleine crise des gilets jaunes avec des maires vus désormais comme des « réconciliateurs », une étude de l’Ifop (Institut Français de l’Opinion Publique) permet de voir à quel point les maires, notamment des plus petites communes, semblent pris dans une série d’injonctions contradictoires tant avec leurs administrés qu’avec leurs intercommunalités et l’État. Des résultats confirmant voire renforçant ceux de la récente enquête du Cevipof.

Des maires si satisfaits que cela ?

Ainsi, sur les 600 maires interrogés au cours de cette étude, 89% d’entre eux ont déclaré être « satisfaits » d’exercer leur mandat, 27 % étant même « tout à fait satisfaits ». Un sentiment de satisfaction qui a tendance à croître avec la taille de la commune. Ainsi dans les villes de plus de 30 000 habitants, 100% des patrons d’exécutif municpal sont « satisfaits » d’exercer leur fonction dont 45% qui se disent « tout à fait satisfaits ». Des bons résultats que l’on peut néanmoins mettre en miroir avec le pourcentage de maires estimant que l’exercice de leur mandat est difficile : 87% dont 28% qui ont coché la case « très difficile ». Une difficulté qui semble être plus prégnante au sein des communes rurales (89%) que dans les villes de plus 30 000 habitants (61%).

Pour ces élus testés par l’Ifop, quatre grands thèmes expliquent les difficultés rencontrées au quotidien :

  • Le niveau d’exigence des citoyens par rapport à l’action municipale ;
  • La lourdeur de la charge de travail (réunions, manifestations, etc.) ;
  • Les relations avec l’intercommunalité ;
  • La complexité juridique et technique des dossiers, et la complexité des normes.

À noter que 48% des maires interrogés estiment que les « agressions parfois physiques et verbales » font partie des éléments rendant l’exercice du mandat compliqué.

Le malaise des maires

Pour Frédéric Dabi, directeur général de l’Ifop, ces résultats rappellent ceux obtenus par son institut avec les professions de la justice : « Comme pour les magistrats, on a ici des personnes qui sont tout à la fois passionnées mais éprouvent au quotidien des difficultés à exercer leur fonction ».

Des difficultés diverses qui conduisent d’ailleurs un tiers des maires interrogés à annoncer d’ores et déjà qu’ils ne représenteront pas en 2020. Et si Frédéric Dabi reconnaît qu’il est encore tôt pour tester l’envie de se représenter (« il n’y a pas encore eu toutes les pressions amicales qui peuvent mener à une candidature »), il estime que le « malaise » des maires est réel avec encore une fois un clivage grandes villes/ communes rurales avec un pourcentage de maires souhaitant se représenter passant de 82% à 40%.

Au total, seulement 15 % des premiers magistrats sont aujourd’hui certain de battre campagne en mars 2020… Et 27 % iront « proablement », soit moins d’un maire sur deux en tout. 58 % des Français veulent pourtant que leur maire se représente selon une autre étude Ifop pour Le Courrier des maires.

 

Les relations ambiguës avec l’intercommunalité

Autre élément intéressant de cette étude, la relation assez ambiguë qu’entretiennent les élus avec l’intercommunalité. Ainsi, si 68% des maires interrogés reconnaissent qu’elle permet de « porter des projets bénéficiant à la commune », 67% estiment dans le même temps que l’intercommunalité « complexifie et ralentit la prise de décisions » et 65% « qu’elle éloigne de la prise de décision ». Au final, 42% des maires estiment même que l’intercommunalité est une menace.

Pour Bruno Retailleau : « Les maires sont aujourd’hui pris dans une double mâchoire à la fois dans leurs relations avec leurs administrés qui attendent toujours plus en donnant moins, mais aussi dans leurs relations avec l’État plus mauvaises que jamais ». Et le président du groupe LR du Sénat de dénoncer cette « recentralisation » imposée par Paris et qui a emprunté, selon lui, plusieurs voies :

  • La baisse des dotations puis la suppression de la TH ;
  • Étirement du lien géographique avec l’abandon communal au profit de l’intercommunal, c’est « un cassage du lien humain de confiance » ;
  • Et enfin ce manque constant de « considération » à l’égard des maires qui a atteint son paroxysme cet été « avec le hastag #BalanceTonMaire parti de Bercy ».

Le Sénat plébiscité

D’ailleurs, cette étude permet également de jeter une pierre dans le jardin de l’exécutif. En effet, après des mois d’incompréhension, l’État joue désormais l’apaisement avec les maires, voire le dialogue direct, avec cette grande tournée d’Emmanuel Macron auprès des élus locaux. Ainsi, parmi les thématiques opportunément testées par l’Ifop, celle du rôle joué par le Sénat. Et bonne nouvelle pour les élus de la Chambre Haute, 70% des maires estiment en que les sénateurs sont utiles pour défendre leurs intérêts et ceux de leurs territoires. À bon entendeur…

Courrier des maires

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