Un déconfinement réussi, ça se prépare, interview de X. Papillon

La réouverture des écoles du Lot est une des grandes préoccupations du déconfinement. Entretien avec le Directeur académique des services de l’Éducation nationale dans le Lot, Xavier Papillon.

Malgré le confinement, le Dasen du Lot est au travail pour préparer la prochaine rentrée scolaire et surtout la réouverture des écoles du Lot prévue le 11 mai.

Comment a été abordée la préparation de la rentrée lors du CDEN vendredi dernier ?

Dans le cadre de la préparation de la rentrée dans le premier et le second degré, le CDEN est une instance incontournable où est débattu le projet pour la rentrée. La préparation s’est faite dans un contexte national et académique orienté vers la poursuite de l’enseignement en faveur de l’école primaire, le soutien de l’école en milieu rural et le renfort de la cohésion. Cette année, on a une prévision de baisse d’effectifs de – 85 élèves dans le Lot, ce qui signifiait – 5 postes. La proposition rectorale est de maintenir notre dotation, ce qui va vers l’amélioration de la situation actuelle avec un nombre de professeurs par élèves qui passera à 6,24.

Rien ne sera donc modifié pour la prochaine rentrée dans les écoles du Lot ?

On sait qu’on a le même nombre de postes que l’an dernier. On pouvait soit ne rien faire, soit faire des propositions. On avait déjà le principe de ne pas fermer d’école et l’idée générale de maintenir si ce n’est d’améliorer les situations d’enseignement actuelles. La proposition a été de ne pas fermer de classe et nous allons même pouvoir avoir un poste supplémentaire dans l’école qui avait le plus fort nombre d’élèves, à Frayssinet-le-Gélat. Concernant les dispositifs d’accompagnement, j’avais proposé la fermeture d’un poste de Rased et de quelques postes de maître formateur, ce qui aurait permis de mettre des postes supplémentaires dans les classes. Mais suite aux discussions et en privilégiant l’écoute notamment des organisations syndicales, il n’y aura pas de fermeture de postes Rased, ni de postes de maître formateur.

Avez-vous évoqué l’enseignement à distance et la situation de certains élèves « perdus » dont on n’a pas de nouvelles ?

On a une unanimité du public sur la reconnaissance de l’engagement assez exceptionnel des enseignants sur cette période. Il y a dans ce contexte en effet un risque qui peut être très important d’accentuation des inégalités sociales et du renforcement des décrochages. C’était une priorité de cet accompagnement. Dans le premier degré, cela passait par des appels des enseignants et des directeurs d’école en direction des publics peut-être un petit plus fragile. On a eu des difficultés pour contacter certaines familles, d’où aujourd’hui l’importance de la reprise pour avoir envers ces élèves une attention plus particulière.

Comment ce retour à l’école après le 11 mai est-il préparé ?

Vu l’importance du sujet, une décision collective a été prise de programmer la semaine prochaine un CDEN extraordinaire dès que nous aurons des éléments précis en terme opérationnel. Pour l’instant le travail qui est intense se fait avec le préfet du Lot et les collectivités territoriales. Avec le préfet, nous avons organisé des réunions avec les députés, les sénateurs, les présidents du conseil départemental et de l’association des maires, les élus du conseil régional pour commencer à travailler sur cette reprise du 11 mai. Pour aller plus avant, nous attendons tous les pr0tocoles, en particulier le protocole sanitaire. La sécurité sanitaire sera la priorité. On sait que c’est par cette sécurité que nous gagnerons la confiance des familles ; c’est ce qui les amènera à remettre leurs enfants dans les écoles.

La Dépêche


Notons que la réflexion a commencé au niveau des communes, élus et professeurs, en particulier: De quelles ressources disposons nous pour réaliser la reprise des écoles?

________________________________________________________________________

Ecoles à rouvrir, déconfinement… les maires jugent avoir été « entendus » par Emmanuel Macron

par Emilie Denètre

Jean-Luc Moudenc (France urbaine) lors de la visioconférence organisée entre l’Elysée, les maires et les associations d’élus le 23 avril

A la suite de la réunion en visio-conférence organisée le 23 avril par l’Élysée avec une vingtaine de maires représentant des associations d’élus, les réactions sont plutôt positives. Les élus locaux présents estiment avoir été « entendus » par le chef de l’Etat, notamment sur la nécessaire « souplesse » territoriale à mettre en œuvre pour réussir le déconfinement du 11 mai.

« On a appris qu’on était écoutés et c’est déjà très important… » confiait hier soir Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse et président de l’association France Urbaine, lors d’un duplex sur la chaîne BFM TV après la visoconférence avec Emmanuel Macron : « la réunion a duré près de 3h30 et le Président n’a parlé que 30 min ». Même sentiment chez Christophe Bouillon, député de Seine-Maritime et président de l’Association des petites villes de France » (APVF) qui ne cache pas que cette réunion était vraiment « la bienvenue ». « En termes de concertation, c’était plutôt mal parti ! Certaines annonces ministérielles en vue du déconfinement ont beaucoup inquiété les maires, donc le fait que le Président de la République, à son niveau, ait tenu à rassembler l’ensemble des présidents d’associations d’élus représentant le bloc communal et les maires a été, je crois, bien accueilli par l’ensemble des participants ».

Cadre national et souplesse territoriale

Et Christophe Bouillon de raconter que la doléance qui est remontée de manière systématique vers le Président est celle d’un « besoin de clarté » notamment sur la doctrine sanitaire qui accompagnera le déconfinement. Caroline Cayeux, maire de Beauvais et présidente de l’association « Petite Ville de France » appuyait dans son communiqué post-réunion : « il est nécessaire de définir une doctrine nationale précise qui définisse les orientations et fixe la philosophie du déconfinement que ce soit sur le port du masque ou l’ouverture des services publics locaux. » Sur ce point, les maires devraient être rapidement satisfaits puisque le Président s’est engagé à livrer ce cadre pour la semaine prochaine.

Mais en parallèle de cette demande forte de « lignes directrices », les élus présents à la réunion ont également insisté sur leur besoin de « souplesse » dans leur application, notamment pour gérer à l’échelle de la commune la reprise d’activité. « Nous avons tous demandé qu’il soit possible, au cas par cas, au niveau de la commune, et selon sa taille et ses capacités, d’adapter la doctrine » poursuit le président de l’APVF. « Il faut qu’au plan local, on puisse adapter, afin de ne pas plaquer un schéma qui serait le même partout » insistait d’ailleurs son côté Jean-Luc Moudenc sur le plateau de BFM. Quant à l’Assemblée des communautés de France (AdCF) présidée par Jean-Luc Rigaut, maire d’Annecy et président du Grand Annecy, elle propose dans ce sens d’instaurer « des plans territoriaux de confinement » afin « d’aborder de manière transversale l’ensemble des sujets à traiter ». Sur ce point encore, les élus sont repartis apaisés puisque le message semble être bien passé, le chef de l’Etat leur ayant confirmé qu’ils géreraient ces adaptations sur le terrain avec l’aide du préfet. « Nous avons l’habitude de travailler avec les préfets, ça fonctionnera » confie ainsi Christophe Bouillon, qui lance au passage une petite pique à l’attention des Agences régionales de santé, jugées trop technocrates par une bonne partie du bloc communal.

Deux écueils : la responsabilité et… l’argent !

Pour autant, et malgré ces différents points positifs soulignés par les participants, Christophe Bouillon pointe d’ores et déjà deux écueils à éviter. Le premier concerne celui de la responsabilité. « Même si les maires demandent de la souplesse, il ne faut pas que l’État abandonne ses responsabilités qui sont importantes dans le domaine sanitaire. Ce ne sont pas aux maires de fixer les règles sanitaires, ce ne sont pas aux maires de dire si oui ou non c’est bien d’aller à l’école. Les maires n’ont pas à se substituer à l’État sur des missions telle que la santé » précise le député (PS) de Seine-Maritime. Un véritable défi dans l’exécution qui s’apparente ici à un exercice de funambulisme pour l’exécutif.

Enfin, le second écueil concerne les finances. « Qui va payer ? » s’interroge Christophe Bouillon. En effet, la commande de centaines de milliers de masques représente un coût considérable pour certaines communes moins bien dotées, de même que l’organisation du périscolaire et de l’extra-scolaire lorsque des mesures de distanciation sociale s’applique risque de générer des surcoûts. « On nous parle d’effectifs réduits, mais cela veut dire qu’il faudra doubler les effectifs pour encadrer les enfants, s’inquiète Christophe Bouillon.

Lire aussi : Masques alternatifs : « les élus n’ont pas attendu l’Etat central pour agir ! »

Sur ces deux points, les réponses présidentielles sont restées plus floues, même si Emmanuel Macron a indiqué que l’Etat participerait financièrement aux commandes de masques effectuées par les collectivités, commandes qu’il a encouragées.

Courrier des maires