Demandeurs d’emploi: Augmentation d’un quart

Fin avril, le nombre de demandeurs d’emploi sans aucune activité a augmenté de près d’un quart dans le Lot. Une hausse due à l’arrêt des contrats saisonniers et intérimaires plus qu’à des suppressions d’emploi pures et simples. Le nombre total d’inscrits à Pôle emploi a, lui, augmenté de 3,9 % en un mois.

En un mois, les inscriptions à Pôle emploi en catégorie A ont bondi de 24,2 % : fin mars, il y avait 8 750 inscrits dans cette catégorie, 10 870 fin avril. Un chiffre important, reconnaît Murielle Henry, directrice territoriale de Pôle emploi Lot/Tarn-et-Garonne « puisqu’on avait l’habitude dans le Lot, du maintien, voire d’une diminution ». Mais cela ne signifie pas 2 100 demandeurs d’emploi supplémentaires : cette hausse en catégorie A s’est accompagnée par exemple d’une baisse de 26,8 % des inscrits en catégorie C.

Saisonniers et intérimaires les plus touchés

Petit point technique. Il existe en effet cinq catégories à Pôle emploi : en A ce sont les demandeurs d’emploi sans aucune activité, en B et C ceux qui travaillent mais de façon plus sporadique… « C’est une hausse mécanique, parce que pendant cette période de crise et en particulier en avril, un certain nombre de personnes, des saisonniers, des personnes en intérim, dans l’hôtellerie-restauration, l’agriculture… n’ont pas pu avoir de contrats, explique Murielle Henry, or l’hôtellerie-restauration est importante dans le Lot et l’activité était à l’arrêt. Elle est au ralenti dans le secteur agricole. » Étonnant en agriculture quand on songe aux appels qui ont été lancés pour trouver des bras au niveau national. Mais pas ici : les professionnels contactés par Pôle emploi s’en sortaient en recourant aux habituels et aux proches. Leur souci était plutôt les circuits de distribution.

« Frémissement des offres »

Cette hausse touche des hommes âgés de moins de 25 ans à 41 %. Ensuite, elle est plus forte que la moyenne de la région, « ce qui s’explique par le caractère particulièrement saisonnier de ce territoire », dit Murielle Henry.

Mais il s’agit là de chiffres datant de fin avril. Ces secteurs reprennent : cafés, bars et restaurants pouvaient rouvrir dès le 2 juin. « Je suppose que le frémissement des offres de ces quinze derniers jours va s’amplifier », ajoute-t-elle. Début mars, Pôle emploi diffusait 200 offres d’emploi par semaine ; un nombre tombé à une trentaine milieu avril au plus fort de la crise. Depuis début mai, il est remonté à un peu plus d’une centaine.

Développer la formation

En revanche, la directrice de Pôle emploi n’a pas eu le sentiment que les personnes au chômage partiel se sont inscrites : « Ils n’étaient pas en recherche d’un emploi mais en attente de retrouver le leur ». Pour elle, l’incidence du changement de prise en charge par l’Etat devrait se percevoir entre juillet et septembre.

Reste à savoir comment Pôle emploi peut agir pour inverser ces chiffres ? « Notre métier est de faciliter la rencontre entre l’offre et la demande au bon niveau, en volume mais aussi qualitativement. Avec la région, on va ajuster encore plus nos offres de formation pour qu’en sortie de crise, le public soit prêt à pourvoir ces emplois. Dans le Lot, nous allons proposer de plus en plus de formations, en présentiel mais aussi à distance. L’élévation des niveaux de compétence attendue : le sujet ou l’enjeu est là ».

Des inquiétudes pour l’industrie

Dans certains secteurs professionnels du Lot, les offres d’emploi étaient difficilement pourvues. « Les secteurs déjà en tension avant la crise le sont plus que jamais », souligne Murielle Henry, qui cite en premier lieu la santé et l’action sociale, mais aussi le bâtiment où « l’activité a été arrêtée un certain temps donc la tension ne se ressentait pas mais elle va revenir ».
Reste l’industrie. Ses métiers, très pointus, ne trouvaient pas toujours preneurs localement. Voilà un an, une opération avait même été menée pour mettre en relation des demandeurs d’emploi du Grand Est et des entreprises du Figeacois. Mais « La question que je me pose aujourd’hui est moins celle de l’adéquation offre-demande. Ce qui m’intéresse c’est combien d’offres je vais avoir », tempère Murielle Henry. « Notre région est très impactée par le secteur aéronautique. Les derniers chiffres que j’ai lus sur l’activité d’Airbus montrent qu’il y aura un impact sur les sous-traitants ». Pour l’heure, un certain nombre de salariés sont en activité partielle : « Les entreprises sont en train de regarder comment réintégrer une part des salariés, quel est le carnet de commandes, si leurs salariés suffiront ».
« Je sais que les mois à venir vont être difficiles pour les entreprises. Deux mois à l’arrêt ce n’est pas neutre dans une industrie », poursuit-elle avant de préciser : « L’activité n’a pas cessé sur notre pôle entreprises. Notre rôle et aussi de prendre des nouvelles de nos entreprises. Un certain nombre nous ont fait part de leur détresse, notamment les plus petites. Les plus solides sont aussi dans l’expectative ».
Mais elle souligne que, durant cette période, ses services ont régulièrement contacté « les publics inscrits dans ces secteurs : en majorité ils sont prêts à repartir sir les règles sanitaires sont respectées et elles le sont… Je suis confiante en l’avenir ».

Florence Raynal La Dépêche