E. Philippe lance le big-bang des services publics locaux au Grand Cahors

Une expérimentation radicale des services publics, c’est rien de moins ce qu’a appelé de ses vœux le Premier ministre vendredi dans le Lot, territoire qui aura décidément inspiré le gouvernement trois jours durant. Edouard Philippe a donné carte blanche aux élus locaux et à de nombreux services déconcentrés de l’Etat pour imaginer autour du Grand Cahors de nouvelles formes de services publics adaptés au contexte local. « Nous voulons donner carte blanche pour réinventer, tester, imaginer de nouvelles façons de faire nos services publics », a lancé depuis Biars-sur-Cère (Lot) le Premier ministre, avant d’assister à une table ronde avec des élus locaux, des représentants des services déconcentrés de l’Etat mais aussi des usagers.

Carte blanche

Les réflexions viendront des agents des communes et de la communauté, du Conseil départemental mais aussi ceux de la DGFIP, de Pole Emploi, de l’ARS, etc. Le tout dans le perimètre du Grand Cahors. « La meilleure façon de prendre en compte les usagers ne doit pas forcément naître à Paris. Elle doit bénéficier des idées des acteurs publics sur le terrain, des forces sur le terrain. Ce que nous souhaitons, c’est que les idées nouvelles et adaptées à la réalité locale prévalent », a souligné Edouard Philippe, qui n’a eu de cesse, durant cette délocalisation, de vouloir mettre en avant les atouts des territoires.

Thomas Cazenave, nommé fraîchement délégué interministériel à la transformation publique, explique que l’agglomération s’est révélée un bon terreau de coopération entre collectivités mais aussi avec l’Etat, en particulier sur  la réhabilitation du centre-ville.  «L’expérimentation devra aboutir à des propositions dans 2 ou 3 mois et mise en œuvre d’ici à 8 mois. Tous les sujets sont ouverts : refonte du management des services, extension des horaires d’ouverture, numerisation des services, etc » explique-t-il. Des réflexions aussi, autour de la recherche d’emploi, de la perte d’autonomie ou encore de simplifications pour l’usager en cas de déménagement sont au menu.

Fonds pour la transformation de l’action publique

« Nous donnerons des moyens pour faciliter les projets, nous pourrons prévoir des dérogations réglementaires » poursuit Thomas Cazenave. De fait, l’idée est de mettre l’ingénierie de l’Etat au service des idées des acteurs locaux. Via, notamment, une équipe ad hoc mise en place au sein de la direction interministérielle à la transformation publique mais aussi les services du numérique etc… Les projets retenus pourront recevoir des finances issues du Fonds pour la transformation de l’action publique, doté de 700 millions d’euros. Et s’il s’agit de mieux organiser, il s’agit aussi, de mieux et de moins dépenser.

Deux autres territoires, cette fois ruraux ou semi-ruraux, seront choisis pour mener une expérience similaire. La démarche s’inscrit dans la volonté maintes fois répétées par l’exécutif de laisser aux préfectures et aux élus locaux des marges de manœuvre pour exercer leurs compétences selon les besoins locaux.

Différenciation

Cette expérimentation s’inscrit aussi dans la volonté de l’Etat d’encourager la différenciation quand elle permet davantage d’efficacité et de permettre aux préfets de déroger. Edouard Philippe a rappelé jeudi avoir consulté ces dernières semaines le Conseil d’Etat pour intégrer dans la réforme constitutionnelle du printemps prochain un renforcement du droit à la différenciation des collectivités. Jusqu’ici, l’Etat pouvait accorder des dérogations à condition qu’elles soient généralisées au bout de cinq ans dans le pays, ou abandonnées, dans le souci de conserver une égalité des territoires. Le nouvel exécutif juge aujourd’hui que, selon les mots  d’Edouard Philippe à Cahors , « l’uniformité n’est plus la condition de notre unité ».

Isabelle Ficek et Matthieu Quiret Le Point