La halle de Cahors perd en quelques mois cinq étaliers

La halle de Cahors a perdu en quelques mois cinq étaliers. L’ambiance s’en ressent. Les commerçants s’inquiètent, la ville a un projet pour redynamiser «le poumon alimentaire» de Cahors.

Des halles grouillantes, bruyantes, joyeuses, un samedi ou un mercredi matin, ce n’est plus tout à fait l’image que renvoie aujourd’hui le lieu pourtant si emblématique du cœur de cité. Ces halles depuis plusieurs mois sont devenues étrangement plus calmes et le client qui parfois s’impatientait dans la file et la cohue avant de pouvoir être servi, peut faire son marché presque trop aisément.

Sur la quinzaine d’étaliers que comptaient les halles, cinq ont plié boutique. Les étals de bois restent nus, les balances et les caisses enregistreuses sont au repos. Un fleuriste, deux primeurs, un boucher et un conserveur ont progressivement déserté leurs stands, laissant une impression de vide dès que l’on pénètre sous les halles.

Ceux qui restent comme Patricia Astoul, qui tient avec son mari René l’étal de charcuterie, «font, comme elle le dit en souriant, de la résistance». «Nos clients nous interrogent : qu’est-ce qui se passe ?»

De petites pancartes ont fleuri sur les points de vente inoccupés : «Stand libre, si intéressé contactez la mairie.» À l’origine de cette initiative, le fromager Patrick Marty, «l’historique» des halles. «C’est plus par provocation que pour vraiment toucher un candidat possible», reconnaît l’artisan. Il ajoute : «Cela fait deux ans qu’on perd des stands. On a des réunions de travail avec la mairie, mais la réaction est trop longue à venir.»

Et pourtant comme le soutient Patrick Marty, les halles conservent tout leur attrait commercial : «Sur les fêtes de fin d’année, le chiffre est en progression sur plusieurs stands.» Tous savent, les commerçants les premiers, que la formule des halles doit évoluer, coller davantage à la demande de la clientèle. La ville a un projet (lire ci-dessous) pour offrir au lieu un second souffle. L’espace public des halles avec actuellement, des concessions renouvelables tacitement tous les ans pourrait peut-être, intégrer des fonds de commerce. C’est une idée parmi d’autres évoquées par Patrick Marty.

«Il ne faut pas laisser les halles vides, cela deviendrait vite préoccupant», dit-il. Dans les pistes évoquées par le fromager, il y a celle d’une offre mieux adaptée à la demande et une ouverture plus importante faite aux produits bio.


Les détails du projet municipal

«La situation des halles est quelque chose qu’on regarde de près parce qu’elles sont le poumon alimentaire de la ville», rappelle Jean-Marc Vayssouze. L’an dernier, une étude de commercialité avait pointé certaines faiblesses.

Le maire énumère ces handicaps : «L’absence de dynamique collective, un certain défaut de positionnement sur les prix, parfois sur la nature des produits mais l’étude soulignait aussi, que le lieu continuait à attirer la clientèle. Un constat donc contrasté.»

Au stade actuel, le maire confirme le lancement de l’étude de programmation, condition pour engager dans la foulée les travaux à l’automne 2018. «Ils se prolongeront jusqu’au printemps 2019.» Le projet d’ensemble dépassera les 100 000 €, mais des aides viendront atténuer la charge financière pour la collectivité. La mise en lumière du site sera travaillée tout en préservant l’âme de cet équipement typé, son ambiance générale et cet «esprit des halles».

«Toute une réflexion sera conduite avec les étaliers avec la volonté de favoriser la complémentarité plutôt que la concurrence en évitant les doublons. Nous souhaitons clairement un positionnement sur le bio et le local», confirme Jean-Marc Vayssouze.

La structure des halles ne sera pas touchée, par contre l’aménagement intérieur sera revu : «On va réorganiser les stands, les îlots, les cheminements en dégageant trois univers : un univers alimentaire, l’épicerie, la transformation avec un point de dégustation pour créer une ambiance, une convivialité comme cela existe dans de nombreuses halles en France et à l’étranger», précise le premier magistrat.

Il est dans les intentions de la ville de revoir la signalétique et l’ouverture des halles sur l’extérieur, sur le quartier, sans dénaturer l’architecture caractéristique du bâti. La ville souhaiterait profiter de cette rénovation, pour revoir la plage horaire d’ouverture des stands. «On a besoin de la participation des étaliers», souligne Jean-Marc Vayssouze, conscient que le projet ne pourra véritablement aboutir qu’avec l’implication des professionnels qui aujourd’hui, font vivre les halles.

Pour tous, les halles gardent leur potentiel, encore faut-il recréer une dynamique.