Une monographie sur la plage aux ptérosaures

Le site de Crayssac présente de nombreuses empreintes de dinosaures et de ptérosaures. Une monographie, rassemblant toutes les recherches qui y ont été menées, va être réalisée.

« C’est la base du fonctionnement de la recherche scientifique. Si on veut améliorer nos connaissances, il faut partager, confronter. » Thierry Pélissié, conservateur de la réserve naturelle nationale d’intérêt géologique du Lot, explique l’intérêt de produire aujourd’hui une monographie, qui s’apparente à un bilan, sur les recherches qui ont déjà été menées à la plage aux ptérosaures de Crayssac.

Image d’une marée il y a 150 millions d’années

Cette production scientifique va permettre de faire connaître au monde entier l’écosystème d’une plage il y a 150 millions d’années. « Ce site est unique au monde par la densité et la qualité de son contenu. Les traces sont très fines. Cela donne une image instantanée d’une marée à cette période. » Les nombreuses empreintes découvertes, à la fois des crocodiles et tortues qui entrent dans l’eau, de dinosaures bipèdes qui longent la plage, ou encore des ptérosaures, cousins volants des dinosaures, qui, eux, peuvent se trouver partout, renseignent sur la manière dont coexistaient toutes ces créatures.

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À ce jour ces connaissances sont archivées par l’association scientifique Paleoaquitania. Cela représente des milliers d’heures de travail. « Ce bilan va aussi permettre d’orienter les travaux à venir, pour voir quelles pistes vont être envisagées. »

Quelque 44 articles ont déjà été publiés

Dans l’attente de la production de la monographie les fouilles paléontologiques ont été suspendues. Paleoaquitania doit livrer ce volume en 2024. « Il nous reste une vingtaine de publications scientifiques à produire. Certaines peuvent représenter des années de travail », explique Jean-Michel Mazin, président de l’association scientifique. « La forme finale de la monographie n’est pas encore fixée, mais il pourrait s’agir d’une réunion de l’ensemble des articles. » Aujourd’hui, le site a déjà fait l’objet de 44 publications. « Il y aura plusieurs auteurs car nous faisons aussi appel à de nombreux autres spécialistes », précise le paléontologue, ancien directeur de recherche au CNRS, désormais à la retraite.
Ce bilan exhaustif va aussi influencer la médiation scientifique. Et les visiteurs de la plage aux ptérosaures, ouvertes des vacances de Pâques à celles de la Toussaint, vont être les premiers à en profiter.

Deux ensembles d’exception dans le Lot

La plage aux ptérosaures est un des sites de la réserve géologique lotoise. D’autres sites exceptionnels sont d’un type différent. Ce sont des phosphatières. Il en existe 68 au sein de la réserve, notamment à Concots, Cajarc, Larnagol, et Bach où le Cloup d’Aural est ouvert au public. Ce sont d’anciennes exploitations de phosphate. « Elles livrent des fossiles très bien conservés, comme des momies de grenouilles naturelles. On y trouve beaucoup d’invertébrés, mais aussi des insectes. En tout il y a plus de 600 espèces différentes », fait savoir Thierry Pélissié, le conservateur de la réserve. « Contrairement à Crayssac qui fournit une image instantanée. Ces phosphatières nous permettre d’observer l’évolution de l’environnement sur 30 millions d’années. »

Elisa Centis