Artificialisation des sols, de quoi parle-t-on vraiment ?

On parle de consommation d’ENAF (espace naturel, agricole ou forestier) pour désigner, en creux, les changements d’occupation ou d’usage des sols dus à l’urbanisation. Aujourd’hui en France, c’est le suivi des consommations d’ENAF qui constitue la mesure de l’artificialisation des sols. En construisant, sur des espaces naturels agricoles ou forestiers, une route, un lotissement, un parking ou un jardin public, on fait passer les sols concernés dans la catégorie « sols artificialisés », que ceux-ci soient bitumés ou végétalisés

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On peut distinguer deux conséquences distinctes de l’artificialisation des sols, que l’on retrouve dans la définition nouvellement inscrite dans la loi : oi climat et résilience d’août 2021

1-la perte de surfaces agricoles disponibles d’une part,

2- la dégradation des écosystèmes d’autre part.

L’artificialisation des sols s’opère majoritairement aux dépens des terres agricoles : 2/3 de l’artificialisation entre 2006 et 2014 en France a eu lieu sur celles-ci. De plus, les villes s’étant historiquement souvent développées à proximité de terres particulièrement fertiles, l’extension urbaine se fait largement au détriment de terres de bonne qualité agronomique. Dans un contexte de croissance démographique, de volonté d’autonomie stratégique renforcée et de changement climatique, préserver un maximum de terres agricoles doit être une priorité.

L’artificialisation des sols a également des conséquences écologiques importantes. Les divers types d’aménagements urbains impactent non seulement les organismes vivants présents en transformant leur habitat, mais modifient aussi la composition et la structure des sols. Cela a alors des impacts sur la capacité des sols  à remplir certaines  fonctions dont les autres écosystèmes terrestres dépendent : fournir un support pour les végétaux ainsi que des habitats et des nutriments pour la biodiversité, transformer et stocker des matières organiques, participer au cycle de l’eau, filtrer et dégrader des polluants, ou encore participer aux processus climatiques. Les impacts peuvent être très différents en fonction des situations, d’où les problèmes posés par une distinction binaire entre sols artificialisés et non artificialisés.

Ce phénomène touche l’ensemble du territoire, cependant l’artificialisation se concentre prioritairement autour des grandes métropoles et dans les zones littorales, alors que les départements plus ruraux sont comparativement moins touchés

Pour mieux se situer, dans ce contexte, sur notre territoire la Direction Départementale des Territoires du Lot, a publié, en 08/22 une analyse territoriale du pays Bourian d’où il ressort que plus de 270 hectares ont été consommés en une décennie pour plus de 800 logements construits.
Le plus fort impact des nouvelles constructions sur la surface urbanisée se trouve au Vigan, Anglars-Nozac, Saint-Cirq-Madelon et à Montamel.
Sur le Pays bourian l’évolution de l’espace urbanisé est de + 7 % en 10 ans.

Ainsi l’état, dans sa note d’enjeu de 01/2021 attend du pays Bourian qu’il s’engage dans la transition …. en minorant l’artificialisation des sols et en ménageant des espaces naturels agricoles et forestiers.

Les élus du Pays Bourian (union des Communautés de communes Cazals-Salviac et Quercy-Bouriane), se sont retrouvés en 01/2022 en présence de la sous-préfète de Gourdon, de Frédéric Gineste et de Edith Lagarde, conseillers départementaux, Jean-Pascal Lebreton, directeur de la DDT (direction départementale des territoires) qui a présenté les attendus de l’Etat en matière d’aménagement et de politiques publiques.

Les élus ont notamment posé la question de la manière dont l’objectif de réduction de l’artificialisation des sols se traduirait à l’échelle régionale dans la perspective d’un rééquilibrage des flux de population. La question démographique du territoire et en particulier du vieillissement a ainsi été soulevée.

Il appartient aujourd’hui aux élus, la difficile tâche de construire un Schéma de Cohérence Territoriale et les Plan Locaux d’Urbanisme intercommunaux dans le contexte de la loi “Climat et résilience”.

Selon Rémi Guidoum, Responsable biodiversité de la Fondation pour la Nature et l’Homme, la lutte contre l’artificialisation des sols est un défi complexe car ce phénomène touche beaucoup de sujets à la fois : logement, transports, activité économique, etc. L’artificialisation des sols fait appel a des notions souvent difficiles d’accès pour les non-initiés, et occasionnent parfois des confusions. Davantage qu’une question d’urbanisme, la problématique de l’artificialisation des sols est une invitation à repenser notre rapport aux territoires et à la biodiversité qui les habite, et donc nos modèles d’organisation de l’économie et d’aménagement. Par conséquent, la réduction des consommations d’espaces doit s’ancrer dans la vision plus large d’une transition générale vers des modèles de sobriété, y compris foncière.

Sources : fnf.org – lot.gouv – actu.fr –