Rythmes scolaires: «Prendre en compte l’intérêt de l’enfant»

FRANCOIS TESTU CHRONOBIOLOGISTE

Chronobiologiste et président de l’Observatoire des rythmes et des temps de vie des enfants et des jeunes, François Testu travaille de longue date sur les rythmes scolaires. Un «thème récurrent, le débat dure depuis 70 ans» lance-t-il. Il répond à nos questions.

Vous êtes un ardent défenseur des semaines de 4 jours et demi ; pourquoi ?

Je suis d’abord un scientifique, c’est ce qui m’amène à défendre la formule de 4 jours et demi. Parce que c’est l’aménagement le plus proche de du rythme de l’enfant. Il implique plus de régularité, moins de ruptures, un temps de travail plus étalé dans le temps, des journées scolaires moins lourdes.

Et vous ne voyez aucun avantage aux semaines de 4 jours ?

Aucun ! L’argumentaire de ceux qui défendent les 4 jours se résume à critiquer les 4 jours et demi, sans donner d’éléments positifs en faveur des 4 jours.

Libérer du temps n’est pas forcément un gage d’épanouissement de l’enfant : comment on l’occupe ?

Il y a l’argument de la fatigue lié aux quatre jours et demi, il est régulièrement avancé : vous n’y croyez pas ?

Non : il faudrait d’abord définir d’où vient cette fatigue, car elle n’est pas liée aux 4 jours et demi. C’est le surmenage qui les épuise : ils conservent leurs activités antérieures, et on en ajoute de nouvelles. Et c’est pire avec des semaines de quatre jours, puisque les journées sont plus denses.

Vous dites que le débat dure depuis 70 ans, comment se fait-il qu’il n’ait jamais été tranché ?

Je pensais qu’il l’était depuis 2012.

On avait fait un progrès énorme en reconnaissant à l’unanimité (communauté scientifique, élus, parents…) que la semaine de 4 jours et demi était adaptée à l’enfant.

Mais on y revient. Je pense que c’est de l’égoïsme d’adultes. On n’a pas eu le courage d’imposer la règle.

À votre avis, comment résoudre ce problème ?

La solution passe par la prise en compte, avant tout, de l’intérêt de l’enfant. Je comprends qu’il puisse y avoir d’autres contraintes (familiales, sociales, communales…), mais la priorité doit rester l’enfant.

Ce qui est incompréhensible, c’est de considérer (depuis 2012) que la semaine de 4 jours et demi est la meilleure solution, et de ne pas l’imposer. Il faudra en avoir le courage.