Un migrant afghan témoigne : «Figeac, mon eldorado»

Ahmad Fahim Frahmand a dû quitter l’Afghanistan voilà quatre ans. Depuis, il a erré à travers l’Europe en quête d’une terre d’accueil… qu’il espère avoir trouvée à Figeac.Pour Ahmad Fahim Frahmand, Afghan arrivé dans le Lot en mai 2018, Figeac fait figure d’eldorado. Refoulé de plusieurs pays, le jeune homme de 26 ans, qui a fui sa terre natale, rêve de pouvoir s’installer dans la sous-préfecture. Dans un français balbutiant, Fahim confie son attachement à la ville. «J’aime Figeac, je m’y sens bien. Les gens sont gentils. Je m’y suis rapidement intégré et me suis fait des amis. Ici la vie est facile, beaucoup plus que dans les grandes villes». Après des mois de galère et un périple semé d’embûches, Fahim a trouvé une vraie terre d’accueil. Né dans une province du nord de l’Afghanistan, son père est poignardé alors qu’il avait 19 ans. Sa famille menacée est contrainte de fuir dans la province voisine, dans la ville de Kunduz. Mais en 2015, les Talibans s’emparent de la ville. Dans la panique générale, Fahim perd sa famille dont il n’a depuis plus aucune nouvelle. Il quitte tout et débute une fuite effrénée.

Un incroyable périple dans toute l’Europe

Des passeurs l’aident à gagner l’Iran où il est malheureusement kidnappé et séquestré pendant quatre mois par un réseau mafieux. Relâché, il parvient à atteindre la Turquie, puis la Grèce par une embarcation de fortune. Là il est envoyé en Allemagne. Il traverse alors la Serbie, la Croatie, l’Autriche et arrive enfin à Berlin. Mais le rêve de l’Europe accueillante se brise : il décide d’aller en Suède mais le train s’arrête au Danemark pour un contrôle et Fahim est contraint de descendre. Il restera deux ans et demi sur place avant d’être finalement obligé de quitter le pays. Il repasse alors à Berlin et prend la direction de Paris. Rapidement pris en charge par l’Office français de protection des réfugiés apatrides, il est transféré à Toulouse, puis à Figeac. Dès son arrivée, il est suivi par le Centre d’accueil et d’orientation (CAO) et logé dans un appartement qu’il partage avec d’autres migrants. Ils sont une trentaine en moyenne à séjourner à Figeac, ville solidaire. Fahim bénéficie de cours de français. Il est également soutenu depuis un an par l’association Figeaccueil qui organise des sorties, des rencontres et lui permet de créer des liens. Bien que dans une situation encore difficile, Fahim reste optimiste avec l’espoir d’avoir fini son périple, d’être enfin arrivé à destination à Figeac. Et d’y poser à vie ses bagages.

Margaux Albenque

La Dépêche